Lundi 1er, Weston
J’ai écrit Mon père, ce tueur par nécessité, j’y ai tout mis, c’est une sorte d’aboutissement de mon travail formel en même temps que l’expression honnête de mes souvenirs et sentiments, c’est un livre important pour moi dont la publication me fait un peu peur. Mais avant qu’il paraisse en août, sort en mai L’homme qui ne comprenait pas les femmes, un texte écrit par jeu, pour le plaisir, avec une certaine jubilation, mais sans enjeu littéraire, sans enjeu tout court. Sous le couvert du romanesque, j’y exprime ma monstrueuse incompréhension des femmes, mon éternelle maladresse avec elles. Je devrais être tendu vers ce texte pour tenter le promouvoir, mais j’en suis incapable, le roman sur mon père m’obsède, peut-être parce que je dois lui donner une suite.
Je lis comme tous les jours le journal différé Guillaume Vissac. Une référence à une injonction de Marc Jahjah me fait rire : faire fondre les formes (la page, par exemple). 1/ Tu fais fondre une forme, tu en coules une autre. On ne peut pas échapper à la forme (même dans le silence). 2/ Dans le monde numérique, sauf si on est pervers, la page a fondu depuis longtemps. Où sont les pages sur mon blog ? Je veux dire, les pages au sens papier ? À la place, on a des rouleaux indéfiniment déroulables (ce que j’ai appelé la métaphore du traitement de texte dans La mécanique du texte). On s’est affranchi de la page, mais ni plus ni moins que n’importe quel romancier, sauf quelques poètes. La page n’appartient pas à l’œuvre, juste à sa mise au format livre.
Mardi 2, Weston
Je retrouve une jubilation de blogueur avec mes posts sur le vélo. Nous discutons, j’écris de nouveau, modifie mes billets, les enrichis. En même temps, je cours vers mes bécanes, les mesure, les pèse, commande de nouveaux accessoires. Impression de m’être à nouveau glissé dans une histoire en mouvement, dont les premières lignes ne sont pas si anciennes.
Si j’écris un livre sur le vélo, il pourrait s’appeler Au-delà du vélo, ce serait un livre sur l’aventure, sur le bikepacking, sur la possibilité de transformer presque n’importe quel coin du monde en un génial terrain de jeu.
Mercredi 3, Weston
Relecture la version maquettée de Mon père, ce tueur. Plus j’approche du terme de ce travail, plus j’ai la trouille.
Jeudi 4, Weston
Hier, un camion poubelle a laissé s’envoler quelques papiers non loin de chez nous. Voir ces taches blanches dans les pelouses immaculées est presque choquant, tant tout est propre autour de nous. Pourtant, cette propreté ne s’accompagne d’aucune conscience de l’environnement. Les gens ici le détruisent sans scrupule, mais se donnent l’illusion de vivre dans une bulle coupée du reste du monde. On est dans la logique de l’entropie négative. Alors que partout le désordre s’installe, on pique à l’extérieur de l’énergie pour maintenir un îlot d’illusoire quiétude.
Samedi 6, Weston
J’effectue une étude posturale pour tenter de régler mon mal aux fesses à vélo. Ici on appelle ça un bike fitting. Résultat : ma selle se retrouve avancée de 15 mm et pivote pour être parfaitement à l’horizontale. Le gars est presque déçu de ne pas me donner plus de conseils. Je ne l’ai pas trouvé très pertinent, mais il a encaissé sans rechigner mes 260 $.
Dimanche 7, Weston
Je roule avec les nouveaux réglages, j’ai l’impression que je n’ai jamais fait de vélo, mais plus mal aux fesses, même si mes autres maux de cycliste subsistent.
Dans deux mois, nous rentrons. Je n’ai jamais passé autant de temps loin du Midi. Quand j’habitais Paris ou Londres, je rentrai assez souvent. Je me dis que tout sera changé alors que tout sera semblable ; cette similitude sera peut-être difficile à accepter.
Je ne savais pas que Histoires vraies de Lucien de Samosate, écrit au deuxième siècle, était considéré comme le premier récit de Science-Fiction.
Mardi 9, Weston
Sont étranges ces Américains, à toujours se lancer des défis, à vouloir se surpasser. J’en découvre un qui veut être le premier à faire à pied et à vélo six randonnées qui, si elles ne sont pas faciles, ne sont pas non plus insurmontables. Faire ces randonnées est un beau projet, ça me fait envie, mais pourquoi attacher de l’importance à être le premier à faire caca au fil de ces parcours ?
Mercredi 10, Weston
Je discute avec un ex Navy Seal. Je lui dis que mon père était sniper en Algérie et que vivre avec lui n’a pas toujours été facile. Il me répond : « Vivre avec moi-même n’est pas toujours facile. »
Vendredi 12, Dania Beach
Longue baignade, marche sur la plage, tout est parfait, la lumière, la température de l’air et de l’eau. Il ne nous manque que les enfants qui préfèrent rester devant leurs jeux vidéo.
Samedi 13, Boca Raton
Petite escapade jusqu’au jardin japonais Morikami, une forêt de conifères aux allées ratissées, plantée autour d’un lac clafi de carpes et de poisson rouge. Le gardien à l’entrée me dit « Bonjour » alors que je ressors chercher notre sac dans la voiture. « Vous allez bien ? » Nous échangeons quelques mots. Je m’étonne de son français impeccable. Il m’explique qu’il est avocat, mais qu’il ne maîtrise pas assez l’anglais pour exercer aux États-Unis. « Mais la semaine prochaine je rentre à Haïti pour défendre un client. » Un peu plus tard, il nous retrouve alors que nous sommes assis à l’entrée d’un tunnel végétal. « Vous êtes au Paradis. » Nous approuvons. « Je ne plaisante pas, cet endroit s’appelle comme ça. »
Nous quittons Boca Raton pour Jupiter Island. J’y étais venu une fois seul. Entre le village de Hobe Sound et l’océan, il y a une route extraordinaire avec des ficus géants aux branches entortillées. Nous marchons le long de la plage, plus sauvage que plus au sud, avec des vagues plus méchantes que quelques surfeurs cherchent en vain de dompter. Quand nous regagnons la voiture, il nous manque une chaussure. Elle s’est décrochée de mon sac. Nous repartons à l’envers et tombons sur un couple qui l’a ramassée. Je ne suis pas sûr qu’en France des Français auraient fait le même effort. Il subsiste en Amérique une propension à la coopération, moins développée chez les Hispaniques que chez les Anglosaxon.
Lundi 15, Weston
Ultime relecture de Mon père, ce tueur. J’aurais envie de tout reprendre. Les phrases me paraissent heurtées. Est-ce un sentiment provoqué par la peur de lâcher ce texte ?
Notre-Dame brûle. Je pense aux moments passés autour, aux moments passés à la contempler dans le lointain, je pense à la vie qui file, à rien qui ne subsiste alors que nous avons trop souvent l’illusion du contraire. Même Notre-Dame n’est pas éternelle. Elle sera restaurée comme le bateau de Thésé, puis, un jour, on cessera de la restaurer, on cessera d’exister.
Mardi 16, Weston
Maintenant que Mon père, ce tueur m’a échappé, je peux lire la lettre de mon père, comme je le raconte à la fin du roman, sans peur qu’elle ne l’influence. Peut-être qu’elle ouvrira un nouveau cycle d’écriture, peut-être qu’elle sera un simple point final. Je le saurai en juin, une fois de retour chez moi, une fois que je l’aurai en mains.
Mercredi 17, Weston
L’incendie de Notre-Dame risque de se propager à la société française. La réaction des riches venant à son secours, et qui en temps ordinaire ne font rien pour secourir les pauvres, préfigure une confrontation inévitable. Je suis d’autant plus effrayé que je me tiens entre ces deux mondes, ni dans l’un, ni dans l’autre, avec des amis dans les deux.
Dimanche 21, Weston
Rentrant de ma sortie vélo, je remonte plusieurs kilomètres de bouchon : des centaines de voitures veulent entrer dans l’église locale (ou plutôt leurs passagers). Je n’ose imaginer la taille du parking. Pâques a davantage de retentissement ici que chez nous. C’est un peu inquiétant.
Lundi 22, Miami
Promenade dans le musée à ciel ouvert de Wynwood.
Mardi 23, Mark’s Fish Camp
Je discute avec le fils de Marshall. Un colosse torse nu bardé de cicatrices, à la face tuméfiée comme s’il sortait d’un match de boxe. Il me demande où nous vivons. Je lui réponds : « Weston, mais je déteste, je préférerai vivre ici, au milieu de marais. » Il me tend la main. « Si tu penses comme ça, t’es un mec bien. » Me citant la bible toutes les trois phrases, il me raconte que l’endroit n’a pas toujours été aussi paisible. « C’était un repère de soiffards. » Il a méchamment amoché un gars dans sa jeunesse, puis il s’est mis au vert en Afrique du Sud avant de rentrer. Une fois de retour, il a fait le ménage. « On ne vend plus d’alcool. » Il me montre sa musculature impressionnante. Il me demande de toucher ses bras. Ils sont de pierre. Il pointe un doigt la corde qui pend au-dessus du canal où nagent trois alligators. « J’ai passé mon enfance pendu à cette corde, c’est comme ça que je suis devenu fort, il faut pas me chercher. » « Tu nageais avec les alligators ? » Il approuve.
Jeudi 25, Bahia Honda
Vendredi 26, Key West
J’aime la ville le matin quand elle s’éveille, quand elle n’est pas encore rendue à son usage diurne, quand on nettoie les magasins, arrose les terrasses des cafés. Ça me rappelle quand enfant j’aidais mon oncle. Il m’arrivait d’arroser la terrasse de son café et de la balayer. Puis j’allais dans l’arrière-salle où les bouteilles de soda consommées la veille s’empilaient. Je les rangeais dans des casiers avant qu’un camion vienne les récupérer.
Même à Paris je me suis toujours senti bien au petit matin. Peu être parce que j’ai plus d’affinité avec les matinaux qu’avec les noctambules. Nous accomplissons notre, puis le reste de la journée ne peut qu’être léger.
J’ai passé l’essentiel de ma vie dans une ville de villégiature. Dans ces villes, surtout aux beaux jours, la candeur matinale est délectable. Ici à la pointe sud de la Floride, elle est douce, tiède, rythmée par le chant des coqs.
Key West s’impose ainsi dans mon écriture, qui pourtant avait commencé par une réflexion plus large. Il est bon de toujours rattacher les pensées aux circonstances qui les font naître, pour leur éviter toute prétention universaliste.
Les bateaux de pêche filent vers le large, des grues s’activent, des pélicans et d’autres oiseaux sommeillent sur les bites d’amarrage. J’ai devant moi le golfe du Mexique et l’Atlantique, je me tiens à leur conjonction onctueuse, d’un bleu vert que parfois je retrouve à Sète, mais jamais dans mon étang, toujours teinté de manière plus radicale.
Isa prétend qu’après Mon père, ce tueur, je n’ai plus besoin d’écrire pour me guérir, il ne me resterait plus qu’à enfin écrire ou, au contraire, cesser de le faire, une option qui ne lui déplairait pas, parce que l’écriture pèse dans notre relation, que nous en débarrasser ferait de nous des gens « normaux », parce que tout ça n’est pas toujours simple à supporter. Il me restera au minimum l’écriture pour sentir, pour voir, pour me réjouir, une littérature existentielle qui est peut-être ma marque, qui l’a toujours été, et que peut-être je peux enfin revendiquer.
C’est une écriture contraire au besoin de brièveté de notre temps, mais une écriture contemporaine par bien des aspects, parce qu’elle penche du côté du streaming, elle est une façon de partager des moments de conscience, sans but, juste une ouverture des processus mentaux au moment où ils se forment, avant même qu’ils se donnent une direction.
Je me vois penser par les mots écrits plus que je ne pense. C’est un exercice de pleine conscience, parce que dans ces instants je sens tout ce qui est perceptible, le moindre remous dans le port, la moindre planche qui tombe dans le chantier voisin, rebondit, arrête de rouler sur elle même, les conversations imprécises de deux soûlards déjà éméchés.
Puis, d’un coup, je m’arrête, lève la tête, ressens une pression sur mon lobe frontal, peut-être en témoignage de mon activité mentale. Autour de mes trente ans, il m’est arrivé d’enchaîner ainsi des journées d’écriture, remplissant des carnets en série, des carnets qui restent à transcrire, tâche que je dévouerai à une IA, alors je me relirai pour peut-être publier l’intégralité de mon flux de conscience. Je m’étais donné cette mission, je n’en vois pas d’autre utile, si je fais œuvre, elle est là.
Assis au pied du Kapok pendant qu’Isa visite la maison Hemingway avec les enfants. La présence de leurs cousins leur donne une motivation qu’ils n’ont pas seuls avec nous. Je n’ai pas eu envie de retourner dans cette maison, malgré sa douceur, j’y ai trop senti la mort, celle brutale d’Hemingway et la mienne inévitable.
Je préfère lire quelques pages de Farewell to the arms. Je n’arrive pas à m’enthousiasmer. Je vois bien la virtuosité des dialogues, leur côté novateur, mais parfois ils me font penser à la musique de Mozart. Hemingway et lui ont dû se dire « Pourquoi ne pas le faire, puisque je peux le faire. »
Hemingway est au moins autant célèbre pour sa vie que pour son œuvre, comme Picasso. Impossible de ne pas les comparer, d’autant que Paris les a formés tous deux, et que j’ai voulu vivre à Paris pour subir la même influence, mais il était trop tard, l’énergie humaine avait changé de centre, migrant vers New York, où elle est toujours d’une intensité remarquable, mais sans doute plus diffuse maintenant que nous nous sommes globalisés.
Key West a une âme. Il y a des lieux ainsi chargés d’une âme par les générations qui s’y sont succédées, ajoutant leur travail à ceux des ancêtres, soucieux de leur ajouter sans rien leur enlever. Je ne connais pas de meilleure objectivation de l’évolution culturelle. Dans mon village, c’est une logique de table rase, des imbéciles succèdent à d’autres imbéciles, et j’aurais été impuissant à endiguer leur médiocrité. Ma seule chance, que mes mots deviennent célèbres et qu’ils induisent un peu de réflexivité chez mes concitoyens.
J’ai commencé à lire Comment la méditation a changé ma vie…, un livre de Jeanne Siaud-Facchin sur la pleine conscience, parce que Isa l’a récupéré à New York chez notre ami. Quand j’écris dehors, quand je suis dans le flot des mots et du monde, je suis dans un état au-delà de la pleine conscience, je l’ai appelé hyperconcience, Mihaly Csikszentmihalyi parle d’être dans le flot. Chez moi, la pleine conscience arrive après, que quand le flot s’interrompt, que je relève la tête, que mes pensées deviennent indistinctes, que mes yeux brillent ou plutôt que le monde brille, parce que je n’ai plus rien d’autre à faire qu’à l’avaler.
Le plus difficile est d’atteindre en même temps la pleine conscience de soi et du monde, de se tourner en dedans et en dehors, mais c’est la seule façon de devenir une divinité, pour un instant.
Samedi 27, Naples
Samedi 27, Sanibel
Un résumé d’une certaine Amérique : une femme mange une glace, pendant que son chien en mange une autre.
Dimanche 28, Sanibel
Un long feston de sable tourné vers le golfe du Mexique. Le soleil se lève, révélant à l’horizon de la brume de mer les silhouettes des complexes hôteliers de Naples. Nous sommes repassés par la ville de villégiature, incapables d’en retrouver les beautés découvertes en août, lorsque, après quelques jours de Weston, nous avons là éprouvé le soulagement de découvrir des maisons et des arbres âgés. En avril, la ville est livrée aux touristes alors que la touffeur estivale les tient à distance.
Ils m’ont poursuivi jusqu’ici. Ils marchent devant moi le long de la plage, un défilé de points noirs qui peu à peu s’humanisent. Deux filles miment des assouplissements. L’une est si grosse qu’elle n’arrive pas à se baisser, pourtant elle filme ses prouesses, persuadée de faire quelque chose d’extraordinaire.
J’ai continué cette nuit mon livre sur la méditation. Jeanne Siaud-Facchin y parle de son travail avec les hauts potentiels. Comment elle réussit à calmer leurs pensées tumultueuses et incessantes. J’ai découvert les techniques qu’elle évoque quand j’avais quinze ans. Je suis devenu un expert en méditation sans le savoir, peut-être à force de lire de la SF. Elle dit que les manuels de mindfulness parlent d’hyperconscience, mais d’après ce que je comprends c’est pour désigner la conscience extrême de soi en relation au monde, ce qui est pour moi la méditation ordinaire, justement un état de conscience étendue.
Quand j’écrivais sur l’hyperconscience, c’était pour désigner la forme créative de cet état, quand il s’exprime, quand il fabrique des objets esthétiques ou conceptuels, quand il met en œuvre, alors on passe au-delà de la méditation, on entre dans un état différent, un état de vie total, qu’aujourd’hui je retrouve quand j’écris en extérieur, sans but.
Cette technique méditative me fait peut-être écrire des choses sans intérêt, car j’écris avant tout pour entrer dans l’état d’hyperconscience. Peut-être subsiste-t-il quelques fragments de jouissance dans mes mots. Peut-être que l’exultation mentale est transmissible. Je le suppose puisque la lecture me procure parfois les mêmes émotions que l’écriture. Nous écririons pour partager nos émotions, pour donner à vivre, pour que par la lecture nous démultipliions nos existences.
De fait, il y a toujours à écrire. Parce que nos vies surviennent après d’autres vies qui nous ont démultipliés. Nous sommes des multiplicateurs. La culture est un immense empilement. Du neuf peut survenir grâce au neuf accumulé par les générations antérieures.
Certains disent que tout a déjà été écrit, mais c’est le contraire, tout reste à écrire, le processus peut se déployer à l’infini. La création est un cancer, et le cancer un mal à payer pour la dévorante soif de vie du vivant.
Dimanche 28, Fort Mayer
Arrêt à l’ancienne propriété d’Edisson et de Ford, où ils ont tenté de produire du caoutchouc à partir des ficus. Moi qui avais tant de mal à différencier les banians des ficus j’y vois plus clair. Les banians appartiennent au genre ficus, on les appelle aussi les walking trees, parce que leurs branches ressemblent à des jambes, tendues en avant, posées au sol, où elles reprennent racine. Ils sont originaires d’Inde. Ils produisent des figues. Ne voilà pas que les figuiers aussi sont des ficus. Oui, mêmes troncs gris, torsadés. Seules leur taille et leurs feuilles changent. L’un énorme, gigantesque. Je rêve sur un banc devant les pylônes d’une ancienne jetée. Quand je me relève, je vois que c’était le banc où Edisson aimait s’installer. Bien sûr aucune référence à Nicolas Tesla dont il s’est approprié les brevets.