Une idée jaillit grâce à un commentaire de Philipe Castelneau. Et si je tentais une expérience ? Durant un an, je ne cesse pas de bloguer, mais je publie mes posts uniquement en livre, en POD/ebook. Par exemple, une fois par mois. Ce serait une façon d’échapper à la vitesse du Web, sans pour autant renoncer à la puissance du numérique.
Bien sûr, l’échange qui vient de provoquer cette idée serait impossible. Pas de réaction à chaud, mais qu’est-ce qu’un mois de différé ? Ça change tout, mais permet de travailler une nouvelle temporalité numérique.
La mise en livre, surtout en papier, me détacherait de la dictature de Google, des liens, des like… Je pourrais rester numérique, tout en faisant un pas de côté. Tentant comme aventure, comme nouvelle contrainte d’écriture (et peut-être je découvrirais qu’elle est stérilisante). Mais j’aime déjà le décalage que produit la publication mensuelle de mon journal, pourquoi ne pas aller plus loin ?
Ne pas fermer tout à fait le blog. Ne réserver les nouveaux billets du mois qu’aux abonnés, les autres visiteurs étant bloqués par une espèce de firewall qui me protégerait du buzz social.
Peut-être un moyen de cultiver l’intimité, de travailler plus profondément la matière, et nécessairement dire des choses que l’ouverture actuelle empêche.
Entreprise risquée. Parce que quand j’écris « Parti prix » dans un billet la faute se retrouvera sur le papier, au risque de me ridiculiser. Oui, je fais des fautes, et alors ? Passer par-dessus tout ça, essayer d’aller vers plus de naturel, peut-être de tendresse envers moi-même et mes lecteurs, puisque nous nous replierions dans le maquis touffu de quelques pages proprement imprimées sur un papier bistre.
L’entreprise pourrait même être collective. Que nous soyons plusieurs à prendre le maquis en même temps et à publier mensuellement un ouvrage collectif.
Une idée qui devrait plaire à Jaques Rosselin qui jadis compilait les blogueurs toutes les semaines dans Vendredi. Mais cette fois ne pas trier, agglomérer, inventorier les membres d’un collectif. Ce livre mensuel, cette série, serait une sorte de manifeste à répétition.
Ce serait une façon de désanctuariser le papier tout en revendiquant l’importance de la matérialité dans nos vies (et la matérialité de nos vies, très facile à nier quand on passe son temps en ligne).
J’arrête là cette rêverie…