Pas besoin d’un long discours. Hier, j’apprenais que Le geste qui sauve sortait en Pologne et que les traducteurs Hongrois se mettaient à leur tour au travail, tout ça sans ne rien demander à personne, juste portés par l’idée de partager, cela rendu possible parce que le livre est libre de droits.
Tous les textes en Creative Commons ne sont pas traduits, mais quand ils rencontrent une communauté, dans le cas du geste, celle des personnels soignants, rien ne freine leur propagation.
Avec cet exemple, je n’entends rien prouver. On voit juste comment en libérant un texte de tout droit contraignant on lui donne plus de chances qu’à bien d’autres. Pour un auteur, c’est une façon de s’engager en politique, en faisant en sorte que ses mots se propagent là où ils peuvent avoir un effet transformateur.
Le geste qui sauve est un exemple de plus. Il montre que le Creative Commons fonctionne quand il s’agit de libérer la culture. Je ne prétends pas que c’est une solution miracle. Si nous libérons des milliers de romans, il ne se passera rien, faute d’une rencontre entre un texte et un public, mais quand la rencontre se produit, elle fait avec le Creative Commons boule de neige.
Presque personne n’a parlé en France du Geste à sa sortie, pourtant il sera bientôt disponible en quatorze langues. La licence Creative Common a servi d’amplification. Elle a autorisé la fécondation de niche en niche, avec chaque fois des milliers d’exemplaires diffusés.
Certains disent que le Creative Commons c’est du vol ! En tous cas, certainement pas pour les éditeurs étrangers qui peuvent diffuser un texte librement, pas plus que pour les lecteurs qui peuvent acheter la version papier à moindre prix ou télécharger la version numérique gratuitement.
Ce serait donc du vol en creux, par le manque à gagner induit dans la chaîne du livre, j’imagine. Je ne comprends tout simplement pas comment on peut opposer un geste politique à une volonté de bénéfice, d’autant que, quand on donne, un retour se fait, d’une manière ou d’une autre. Cette aventure du Geste qui sauve m’a poussé dans une autre dans laquelle je m’apprête à me lancer, en ayant reçu une sorte de bourse, un peu à l’ancienne, sur le modèle du mécénat. Le Creative Commons nous donne la possibilité d’expérimenter un modèle non capitaliste. C’est une carte offerte aux auteurs, à côté de la carte éditoriale classique. Elle a particulièrement de sens pour les textes engagés.