Je n’ai jamais été fier d’être Français, pas plus que d’être blanc ou de sexe masculin. Je me sens avant tout humain, et même pas humain puisque, à l’image des Grecs anciens, je respecte les dauphins autant que mes semblables. Je suis un être conscient, et en ce sens je respecte toutes les consciences.
Mais si je ne peux être fier d’être Français, je peux en avoir honte. C’est aujourd’hui le cas. J’ai honte que mon représentant à la tête de la nation où je suis né refuse de donner l’asile politique à Julian Paul Assange, jugé coupable de dire des vérités fâcheuses.
François Hollande avait un instant le pouvoir de me rendre fier de mon pays, il a échoué une nouvelle fois. Bien plus dramatiquement pour lui et pour nous tous, il a échoué au regard de l’Histoire. Parce que nous avons changé d’époque, que François Hollande le veuille ou non. Nous entrons dans l’ère de la transparence politique.
Messieurs les élus, les gouvernants, les dirigeants, plus jamais vous ne laverez votre linge sale en famille. Persécutez Assange, Snowden et tous les lanceurs d’alerte, d’autres se lèveront, parce que du haut de leur conscience ils dépassent toutes les nationalités et tous les intérêts particuliers.
En disant non à Assange, François Hollande dit non à la nouvelle humanité que nous sommes en train de construire. Il dit non à son temps, il dit non à notre bonheur, il dit non à l’harmonie à laquelle nous aspirons. Il s’affiche comme notre ennemi et je déplore à user de ce mot, mais comment comprendre sa réaction sinon comme une déclaration de guerre. Hollande se contente naïvement de dire oui à de vieux intérêts nationaux et économiques, lisant encore le monde selon une perspective datée. Incapable d’embrasser la modernité, il tente de toutes ses forces de la freiner.
Monsieur Hollande, depuis longtemps on vous aura oublié que Julian Paul Assange sera encore dans toutes les mémoires, non pas comme un héros, mais comme un des premiers humains à s’être opposé à votre dictature. Il y a quelques semaines, vous avez célébré la résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Vous êtes aujourd’hui incapable de voir la résistance qui se dresse contre votre immobilisme. Vous célébrez la résistance d’hier, pour mieux cacher celle bien vivante qui s’oppose à vos méthodes.
Il n’y a rien à rajouter qu’à vous tendre le miroir de l’Histoire où bientôt, j’espère, vous ne serez pas fier de vous contempler. J’imagine déjà votre malaise tous les matins dans le simple miroir de votre salle de bain. Au fond de vous, vous devez sentir que vous passez à côté de quelque chose, vous le sentez bien sûr, mais vous manquez du courage des grands hommes.
Et j’avoue préférer votre non monsieur le président, à un oui qui aurait préfiguré une trahison. Vous ne nous inspirez aucune confiance, et pas même question d’évoquer des rêves, vous conduisiez une charrette dans un monde qui vit à la vitesse de la lumière.