Les journalistes écrivent des choses merveilleuses, le prix à payer quand on est un forçat de l’info et ne met pas le nez dehors, passant de la rubrique des chiens écrasés aux affaires d’écoute.
Cette fois, il s’agit simplement de l’annonce par La Tribune d’un concurrent de Wattpad, Fyctia, qui offre pour cerise sur le gâteau de publier les feuilletons les plus populaires (pour info, c’est déjà le cas sur Wattpad puisque tous les éditeurs ont compris désormais que c’était là que naissaient les best-sellers de demain). Donc Fyctia se lance et devra cravacher pour attirer les lecteurs et les auteurs (avec une promesse concurrentielle sans grande ampleur).
Je m’y amuserai peut-être à publier en différé quelques minutes pour tester, même si j’en crois le journaliste mon feuilleton n’est pas pile-poil dans la cible. Bon, je ne suis pas trop sûr que ce journaliste soit fiable. Il écrit :
Wattpad est un gigantesque club de lecture où des millions de jeunes filles lisent et commentent ce que publient d’autres jeunes filles.
Faut pas exagérer. Wattpad n’est pas peuplé que de filles. Je vois des centaines de garçons y publier. Et si j’en crois mes statistiques, le public est plus divers qu’il n’y paraît. Il y a tout simplement plus de filles parce que depuis longtemps les femmes lisent plus que les hommes, même les bons vieux livres papier.
Le journaliste de La Tribune n’en finit pas de m’étonner par son innocence. On le dirait tomber droit de mars quand il écrit :
Le phénomène [Wattpad] est surprenant, car non seulement ces livres sont lus gratuitement, mais en plus ils se vendent en numérique comme sur papier.
Depuis combien de temps les militants de l’open source et du libre crient sur tous les toits que la gratuité n’est pas incompatible avec la marchandisation ? Les feuilletons à succès sur Wattpad devenus des best-sellers en librairie ne font que confirmer une tendance. Rien de surprenant. Pas plus que la popularité de Wattpad donne des idées à d’autres entrepreneurs. Reste que le tout me fait flipper. On nous ressort encore la promesse du succès, tarte à la crème du 2.0, anéantissement de la littérature dans la fan fiction de fan fiction, pendant que les internautes éveillés se réfugient dans le darknet.