Ou le List manifesto, parce que le succès de BuzzFeed n’est pas qu’une arnaque de plus, mais au contraire traduit une profonde particularité, voire perversité, de nôtre temps.
- Ératosthène listait dès le IIIe siècle av. J-C.
- Perec a repris l’idée au XXe siècle.
- C’est une sorte de mantra agréable au cerveau.
- Elles disent plus qu’un long discours.
- Bien que courtes, elles sont potentiellement infinies.
- Elles n’exigent ni effort de l’auteur ni du lecteur.
- Elles se prêtent à la lecture rapide.
- Les algorithmes en raffolent.
- Leur structure simple impose d’ajouter des points à des points, donc à dépasser la première intuition.
- Tant qu’elles n’ont pas trop de points, le lecteur peut les garder en tête et s’inventer un paysage (réédification de la totalité à partir d’un jeu d’échantillons).
- On peut les lire par la fin ou même dans le désordre.
- Sous leur apparence linéaire, elles sont circulaires.
- Elles bousculent la structure narrative et poussent vers le poétique.
- De par leurs propriétés topologiques, elles ont quelque chose de compatible avec le Net.
- Comme toute contrainte, au même titre que la rime ou la versification, elles stimulent l’auteur.
- Leur discontinuité les fait pencher vers la mécanique quantique, vers la structure la plus élémentaire de l’univers.
- Entre les items, le non-dit règne en maître.
- En deçà de la série, elles symbolisent la fin de la littérature, la décadence d’une époque.
- Elles s’opposent à l’idéalisme philosophique et consacrent le matérialisme.
- Elles invitent le lecteur à poursuivre le travail.