Sans toi, je n’ai pas d’idées, de mots, d’espoirs, pas de moteur enraciné en moi.
Sans toi et tes émotions, tout ce que je fais n’a aucun sens.
Sans toi, je n’ai pas droit de me dire écrivain, pas droit de voir mes livres dans les librairies, pas droit d’être écouté à la radio, vu à la TV, cliqué sur le Net… Autant d’endroits sans importance, car c’est chez toi seulement que je veux être, ou sur une plage où tu pourrais m’entraîner, dans un train, un métro, un avion, partout où tu aimes passer du temps avec moi, dans ton intimité la plus secrète.
Sans toi, tes amis ne peuvent me connaître et me lire à leur tour. Sans eux, les amis de leurs amis ignorent tout de mon art, de mon ambition pour une humanité radieuse.
Sans toi, je crie dans le vide, je ne suis qu’un fou qui parle seul et se raconte des histoires, un esprit dérangé persuadé d’accéder à une réalité fumeuse.
Sans toi, je suis comme un automobiliste qui doit respecter une limitation de vitesse mais n’a pas de compteur. Je roule en aveugle, je ne sais pas si je dois aller droit ou dévier ou même accélérer. J’ai besoin de t’entendre.
Sans toi, je manque d’enthousiasme. Je me dis à quoi bon, d’autant que rien d’autre que toi ne m’incite à persévérer dans l’écriture.
Sans toi, je vis plus pauvrement. Dans ces conditions, je ne peux pas continuer d’œuvrer, et j’ai moins de chances de te rencontrer un jour ou l’autre. J’ai besoin de toi pour être avec toi.
Sans toi, je suis seul. Les rares fois où on m’invite en public, je me sens misérable. Et j’ai besoin de parler en public, parce que, à force de ne pas te toucher sur le Net, je doute de ta réalité.
Sans toi, je n’ai rien à faire le matin. Je me lève et je tourne en rond. J’ai des idées et les laisse s’enfuir. Je n’ai même pas le courage de me mettre au travail pour faire surgir des images.
Sans toi, je ne suis qu’un humain, c’est déjà fantastique, mais avec toi, je me transcende, ici et maintenant.