Je ne voulais pas écrire, faire une pause estivale, me consacrer au bricolage… mais comme je bricole, je prends la voiture pour faire des courses et j’écoute France Info. Deux fois en trois jours, nos élus m’ont fait bondir.
Tout d’abord, le Président lui-même, qui dans son discours à la Conférence sociale a répété à plus soif le mot « croissance ». Je n’ai cessé de penser depuis au regretté Jean Véronis qui se serait fait un plaisir de décrypter les intentions cachées à l’aide de ses statistiques. Et j’écris donc pour Jean. Sans avoir son talent, je viens de faire une recherche dans le discours : verdict 11 citations de « croissance », 11 appels à plus de PIB, 11 aveux d’impuissance, d’ignorance, de bêtise, 11 mensonges, 11 insultes, 11 raisons qui font de Hollande un nain dans l’Histoire, un moins que rien et même un dangereux écervelé.
Mon vieux, même Piketty qui est de votre bord, explique que la croissance moyenne ne peut dépasser 0,8 % qu’après des guerres, de grandes destructions ou pour rattraper un retard structurel. Pas de guerre, pas de retard pour la France, donc tabler sur la croissance serait comme vouloir doubler la vitesse d’une voiture dont la direction ne sera pas capable de tenir la route.
Encore qu’avec une redéfinition de la croissance, on pourrait discuter. Voir les choses autrement. Mais faut pas rêver. Hollande n’est qu’un esprit faible attaché à des indices qu’il a découverts au lycée. Et ses conseillers ne semblent pas plus à jour, comme son ministre de l’Intérieur. Encore sur France Info, ce matin, je l’ai entendu plusieurs fois laisser sous-entendre qu’Internet favorisait le terrorisme.
Vous m’effrayez. Il ne vous vient pas à l’idée que c’est votre conception datée du monde qui nous engage irrémédiablement vers la violence. Vous êtes incapables de nous faire changer de direction. Et quelles autres armes restera-t-il bientôt aux jeunes que les actes désespérés face à votre barbarie intellectuelle ?
C’est une question sérieuse. Ne cherchez pas des boucs émissaires. N’accusez pas Internet parce qu’on y dénonce votre incompétence. Vous êtes au pouvoir, vous incarnez la force répressive et, quand elle se retourne contre nous tous, vous êtes au moins autant responsables que ceux qui déraillent parce que votre croissance illusoire ne leur apporte aucun espoir.
Notez que je ne suis pas décroissant. La croissance est possible, mais pensée sur de nouvelles bases, lancée dans de nouvelles directions qui échappe à un Montebourg. Pour commencer, vous devriez cesser d’avoir peur du chômage, de nous mentir encore à son sujet. Il ne fera que s’aggraver parce que c’est le sens de l’histoire et de notre émancipation. Nous quittons la société du salariat pour la société de la contribution volontaire.
Non, je ne suis pas utopiste. Votre réalisme décadent nous précipite à notre perte. C’est évident pour tout le monde sauf pour vous. C’est inquiétant, d’autant que vos adversaires politiques ne valent pas mieux que vous. La violence est là parce que vous en préparez depuis longtemps les conditions de possibilité.