Je voudrais revenir sur les chiffres qui ont inspiré mes derniers billets sur le marché du livre et les best-sellers. Selon GfK, les 50 meilleures ventes 2013 totalisent 14,2 millions d’exemplaires sur un total de 356 millions. D’après mes souvenirs, ils sort environ 70 000 titres par an en France. On a donc 0,07 % des livres qui représentent 4% du marché.
Quand on trace la courbe correspondante. En abscisse le rang des livres dans le top des ventes, en ordonnée leurs ventes, on obtient une power law de type 80/20 plus qu’une longue traîne. Immédiate conséquence de cette structure : la notion de vente moyenne n’a aucune signification. Quelques centaines de livres s’accaparent la majorité des ventes.
Attention : la théorie de la longue traîne développée par Anderson s’applique au marché en ligne. Ici, il s’agit du marché global. Et c’est lui qui m’intéresse, car il indique une tendance comportementale générale. Après des années de Net, nous n’observons pas un aplatissement de la courbe au profit des outsiders, bien au contraire.
Pour plus de clarté, GfK devrait tracer la courbe pour les mille premières ventes et au-delà, séparer le marché en ligne du marché global, nous montrer l’évolution d’année en année. Sans ces données précises, j’interprète à l’intuition plus qu’avec science.
Ma position de militant est néanmoins claire. Nous devons œuvrer pour la longue traîne. Nous devons la bâtir. Elle n’adviendra pas par magie, juste par un effet positif de la technologie. Sans longue traîne, il n’existera aucune possibilité pour de nouvelles organisations du monde, pas plus que pour davantage d’intelligence collective. La longue traîne ne peut être que la conséquence d’un ample mouvement d’individuation. L’anlyse superficielle du marché du livre français ne révèle présentement aucun mouvement en ce sens.