Deux images suffisent à démontrer pourquoi le revenu inconditionnel pour tous ne peut que s’imposer. La première montre la décroissance du travail manufacturier comparé à la croissance du travail robotisé. La seconde montre une imprimante 3D qui construit en une journée une maison individuelle.
J’aurais pu ajouter d’autres images. Montrer que le coût de l’énergie ne peut que s’effondrer. Nous ne traversons qu’une crise des énergies fossiles. Que d’autres coûts s’effondreront avec leur automatisation. Je pense à la comptabilité. Qui n’est toujours pas automatisée pour nous donner le droit de magouiller. Et jusqu’à l’enseignement peut-être… quand je vois ce qu’on impose à mes enfants, je me dis parfois que des robots seraient moins nocifs que des profs déprimés et amorphes.
Parce que si nous n’instaurons pas le revenu de base inconditionnel, nous nous dirigerons vers une société de trop grands déséquilibres. Les possesseurs d’imprimantes et de robots (entendez aussi et surtout robots logiciels) seront les seuls ou presque à engranger des bénéfices.
Cette critique n’est pas neuve. Mais au temps glorieux du marxisme, les usines avaient encore besoin d’ouvriers. Nous entrons désormais dans l’âge de L’après ouvrianat ou l’âge Des seuls patrons. Et quand il est seul, le patron s’ennuie. Et plus personne n’a les moyens de consommer les biens qu’il produit. Le revenu de base sera donc mis en place par le capitalisme lui-même, pour se donner un peu d’air. Et la gauche aurait tort de refuser cette largesse au nom de ses anciens combats. Mieux vaut être attaché à un compte en banque auto rempli qu’à une machine-outil bruyante. Après, le combat reste à l’ordre du jour, et avec plus de temps libres, il se mènera sur plus de fronts et avec plus d’énergie.
En quelque sorte, le revenu de base simulera la croissance. Les nouvelles liquidités introduites quotidiennement dans l’économie permettront de faire vivre le jeu de l’offre et de la demande (ce qui change peu de choses par rapport à la situation actuelle). Ce sera un peu comme si les casinos offraient de l’argent aux joueurs pour continuer à opérer.
Sans revenu de base, nous basculerions vers une société de maîtres et de vrais esclaves. Une société pas très bandante pour les maîtres. Il est plus cool d’être admirés dans les pages people que d’être craint par la plèbe. Le maître veut être aimé pas vilipendé. Il a besoin que son peuple ait le loisir de faire son éloge.
Le revenu de base signera paradoxalement la fin du capitalisme. Après L’âge des hommes viendra L’âge des machines. Elles finiront par remplacer les patrons. Et de nouveaux fronts s’ouvriront, encore et encore.