J’ai répondu il y a quelques semaines à trois questions de Raphael Sachetat pour Les Échos. Sujet : le bonheur 2.0, la maison connectée…
— Les outils connectés (dans la maison) peuvent-ils contribuer au bonheur ? (on fait ici référence aux Smartphones, Tablettes, aux smart TV, aux fichiers dématérialisées…)
— Si le Net ne nous rendait pas un minimum heureux, pourquoi y serions-nous ? Chez nous, on adore envoyer les films sur notre vidéo projecteur directement depuis notre box. Pratique quand on vit en province et qu’on n’a pas un ciné en bas de chez soi. On a aussi un disque dur bourré de milliers de livres. Une bibliothèque géante dans laquelle on puise sans cesse, enfants comme parents. Le Net amène dans toutes les maisons la vie culturelle des capitales. Une façon assez heureuse de cumuler les avantages de la ville et de la campagne. On ne va pas s’en plaindre.
— Ces avancées technologiques et l’ultra connectivité dans la maison représentent elles pour vous un danger ? Pourquoi ?
— Avec un marteau, on peut planter des clous ou fracasser des crânes. Aucune technologie n’est neutre. Avec les tablettes et les smartphone, le Net est disponible 24h/24. On peut se laisser entraîner sur ce rythme fou, très loin de nos cycles biologiques. On risque de se consumer à force de vouloir répondre à tout le monde sur les réseaux sociaux. Gare au burnout numérique. Nous devons dominer l’outil, non nous laisser soumettre par lui.
— Comment prévenir les dérapages, les dépendances ?
Si durant les repas tout le monde est planté devant son écran, c’est sûr que ça bugue. Chez nous, on les a proscrits quand on est tous ensemble. Sauf si une question épineuse surgit. Genre quelle est la hauteur exacte de l’Everest ? Est-ce la recette du bonheur ? En tous cas, on n’a plus d’autres choix que de se parler. Et on se parle. Pour les enfants, six et huit ans, on a une autre règle : pas d’écran quand il y a l’école le lendemain. Du coup, ils lisent. Nous leur ménageons des espaces avec du temps long, ce temps ancien où l’ennui nous guette. On espère qu’ils apprendront à remplir les vides par eux-mêmes plutôt que se jeter systématiquement sur les jeux vidéo.