Je ne me sens pas bien quand je ne travaille pas sur un texte long. Où je plonge, où je creuse, où je cherche quelque chose d’indicible.
Le blog comble mon désir d’immédiateté et de fulgurance. Intuitions immédiatement exposées. Stockées en ligne pour y revenir éventuellement, le plus souvent pas. Coups de gueule. Exaspérations devant notre monde qui se traîne. Devant tous ces encartés des partis politiques avec leur mépris pour les gens qui, comme moi, ne voient plus leur utilité.
Mais pour provoquer quelque chose de plus profond chez le lecteur et moi-même me transformer, je dois me frotter à une matière plus dense.
Je suis en ce moment en attente. Je vais retravailler mon éternel Ératosthène mais il me faut plonger dans quelque chose d’autre. J’ai évoqué l’idée d’écrire sur La démerdocratie, mais j’ai envie d’une parenthèse théorique. Attaquer la montagne par la voie directe n’est pas toujours la meilleure solution. Alors je pourrais raconter des histoires, où me raconter, c’est dans cette direction que je navigue en ce moment dans ma tête.
Déconnexion totale / Débranché
Pour mieux mesurer ce qu’Internet change dans ma vie, je pourrais tenter de m’en passer durant une période assez longue. Revenir à un niveau technologique de 1985 par exemple. Et traduire mes impressions. Je ne sais pas si je serais capable d’une telle abstinence en restant chez moi. Ce serait facile si je partais marcher durant des mois au Népal ou dans un désert. Mais avec une connexion au bout des doigts, je ne suis pas sûr que ce soit tenable. L’expérience vaut le coup d’être tentée.
Alors que, dans Fear and Loathing in Las Vegas, Hunter Tompson se défonce pour mieux parler de la drogue, je me sèvrerais du Net pour mieux parler du sevrage, du manque, de ce que je perds, de ce que je retrouve et que je ne sais même pas que j’ai oublié. Je pourrais même aller discuter avec des scientifiques et des thérapeutes.
Geek souvenirs
Au risque de vous surprendre, j’avoue que j’ai aimé Un roman français de Frédéric Beigbeder, peut-être parce que nous avons le même âge, des souvenirs en commun par affinité générationnelle.
Sur un rythme peut-être guère différent c’est un autre roman que j’ai envie d’écrire. Tout en respectant la structure en layering, ce serait l’histoire d’un geek, celui de quelqu’un qui vit un peu avant les autres ce que tout le monde va bientôt vivre (jeux de rôle, jeux vidéos, informatique, startups, mobilité…).
Je pourrais sans doute ainsi décrire comment une pensée politique ni de gauche ni de droite se construit, comment j’en suis arrivé à concevoir le connecteur… et comment cette conception ne peut que finir par devenir elle aussi mainstream une fois que la culture qui l’induit aura été digérée par beaucoup de gens.