Parfois deux informations a priori sans rapport entrent en résonnance dans notre cerveau et nous créons des métaphores ou des connexions surprenantes, c’est un des sujets d’étude de Vilayanur Ramachandran.
Selon lui, plusieurs aires du cerveau se sont développées en tandem. Imaginez alors que la zone A et la zone B sont sœurs et interconnectées. Si A manipule un concept et B un autre, nous aurions tendance à lier les deux concepts même s’ils sont dissemblables. Ainsi se serait développée notre merveilleuse créativité.
Ramachandran s’intéresse aussi aux neurones miroirs. Imaginez que vous me regardez faire un geste. Si la zone A de mon cerveau s’active, la zone A de votre cerveau s’active aussi. C’est un peu comme si elles s’étaient développées en tandem !
Il en va de même si vous lisez une phrase. Vous avez une bonne chance d’activer en partie les mêmes zones cérébrales que les autres lecteurs. À travers l’observation, comme à travers la lecture, vous êtes interconnectés avec les autres êtres humains.
There’s no real difference between you and other people, déclare Ramachandran dans New Scientist. Through our mirror neurons we’re all hooked up together.
Les êtres humains seraient interconnectés. Il ne s’agit plus d’une métaphore mystique, mais bien d’une propension de nos cerveaux à se brancher sur les autres cerveaux par l’intermédiaire de nos sens.
C’est alors que j’apprends que l’Égypte s’est déconnectée d’Internet. Que s’est-il passé ? Les cerveaux des Égyptiens ont perdu leur lien avec les autres cerveaux de l’humanité. Ils se sont coupés d’une immense base de données, d’idées, de rêves, de désirs… C’est un peu comme si l’Égypte avait subi une hémorragie cérébrale et qu’une partie de son cortex soit devenu inopérant.
Une telle césure peut-elle se prolonger ? Une fois que des millions de personnes sont plongés dans le grand bain de l’humanité peut-on les en arracher ? J’ai envie de croire que non. Qu’un manque terrible se fera sentir chez eux et les poussera à toutes extrémités pour rétablir le contact.
Si tel est le cas, couper Internet ne serait pas une mesure judicieuse pour un dictateur. Il ne ferait ainsi qu’accélérer sa chute. Le cinquième pouvoir serait une force qui une fois née refuserait avec rage de se laisser endormir.
Oui, les gouvernements peuvent couper Internet. Mais cette possibilité n’est-elle pas aussi futile que de pouvoir déclencher une attaque nucléaire (quand les autres puissances disposent aussi de cette arme) ? Il existe des armes qui n’ont d’intérêt que quand elles restent dissuasives. Les utiliser revient à se tirer une balle dans la tête.