J’ai l’idée d’écrire un nouvel essai en vue de 2012. Alors que tout le monde célèbrera le monde politique, j’aimerais en montrer la vacuité, en tentant une synthèse de mes essais précédents et de ce blog.
Quatrième de couverture
Si Sarkozy est réélu, rien ne changera.
Si DSK est élu, rien ne changera.
Quel que soit le prochain Président, rien ne changera. C’est nous qui changerons le monde, pas eux. Ils ne servent plus à rien.
Est-ce grave ? Non, il existe des solutions…
Avec ce brulot, Thierry Crouzet renvoie dans les cordes la droite et la gauche. Il analyse les discours des uns et des autres et montre que tous nos politiciens appliquent la même méthode politique, une méthode inadaptée dans un monde complexe. C’est donc à nous de nous démerder.
Prélude
Rappeler des espoirs fous éveillés par Obama et montrer que rien n’a changé après l’élection. Non qu’Obama démérite, mais parce qu’un seul homme ne peut changer la face du monde. Nous ne vivons plus au temps d’Alexandre le Grand, de Napoléon ou de Churchill. Dans un monde complexe, c’est-à-dire massivement décentralisé, il n’existe pas de point culminant où on peut se percher et jouer au chef d’orchestre. La solution ne peut plus venir d’un homme providentiel (ou d’une femme). Elle doit être distribuée entre une multitude d’individus. Il n’y a pas une idée miracle mais une multitude d’idées intéressantes et qui valent la peine d’être expérimentées. C’est la démerdocratie.
Première partie - Le théâtre politique
À chaque élection pourtant, les politiciens nous jurent qu’ils nous sauveront. Ils y croient, nous avons envie de les croire, malheureusement nous dessaoulons très vite. Si nous avons envie de rêver, il serait peut-être préférable de nous amuser avec autre chose que le destin de nos sociétés.
Aucun homme politique n’a intériorisé la complexité (le livre la définira). Tous les discours tendent à la simplification, tous nient la complexité du monde contemporain. En conséquence, tous les gouvernements emploient des méthodes d’organisation inadaptées à la complexité : management top down, centralisation, volonté de tout contrôler, déresponsabilisation des administrés… On retrouve ce travers d’un extrême à l’autre du spectre politique. Déjà visible dans les statuts des partis. Encore plus visible lorsqu’il s’agit d’exercer le pouvoir.
Pourquoi ? Les hommes et les femmes de droites et de gauches sont souvent les enfants des mêmes écoles. Ils ont presque tous l’âme de manageur. Ils se sont battus pour gagner les sommets de leur parti. Ils sont incapables d’imaginer une société non hiérarchique, car ils ont passé leur vie à se battre pour atteindre le sommet (et presque tous les militants partagent la même idée). Au regard de leur méthode de management et d’organisation, il n’y a pas de différence notoire d’une extrémité à l’autre du spectre politique.
Un constat : si nous persistons à employer les anciennes méthodes politiques inadaptées à la complexité, nous succomberons sous le poids de la complexité. Dans Collapse, Jared Diamond montre que presque toutes les civilisations connaissent un tel destin. À un moment donné, leur coût de fonctionnement devient prohibitif. Nous y sommes.
On observe aussi cet écroulement sous le poids de la complexité dans les écosystèmes. Mais ce destin n’est pas inéluctable. Il existe trois possibilités.
1/ L’effondrement.
2/ La régression, c’est-à-dire le retour à un niveau de complexité plus faible où les anciennes méthodes politiques restent opérantes.
3/ La transition vers un ordre de complexité supérieur mais qui implique l’adoption de nouvelles méthodes de vivre ensemble.
L’effondrement n’est pas souhaitable. Beaucoup d’hommes politiques aimeraient une régression pour garder leur position et revenir à un état du monde qu’ils comprennent mieux. Mais la complexité ne va pas réduire par magie (nous sommes de plus en plus nombreux et les technologies de l’information ne cessent de démultiplier les interactions sans parler des dérèglements climatiques et écologiques). Nous n’avons donc qu’une possibilité : transiter.
Interlude
Dans l’histoire les structures de pouvoir existantes ont souvent été remises en cause pour presque toujours conduire à des structures de pouvoir comparables. Avant, on avait une structure pyramidale, après aussi. Processus merveilleusement décrit dans Le Guépard.
Il n’y a guère qu’un exemple d’envergure où les insurgés ont tenté d’éviter les pyramides : la Catalogne en 1936. Les anarchistes refusaient les anciennes méthodes politiques mais malheureusement ils n’en connaissaient pas de nouvelles.
L’analyse de cet échec peut nous servir d’enseignement. Nous avons depuis effectué de nombreuses découvertes conceptuelles, techniques et théoriques qui nous placent dans une situation différente. Nous n’avons même plus besoin de prendre les armes et de tout casser pour changer le monde.
Partie 2 - La démerdocratie
Un marteau peut servir de métaphore au management. On peut taper comme une brute, ou marteler avec douceur ou mal tenir le clou et se massacrer la main. La façon d’utiliser un outil influence le résultat et dicte dans une certaine mesure ce qu’on peut faire. L’outil influence celui qui l’utilise.
Si un politicien de gauche et un politicien de droite utilisent le même marteau (l’État par exemple) et s’en servent tous deux de la même manière (top down), ils iront plus ou moins dans la même direction. Leurs idées peuvent être en théories très différentes, au final nous n’observons aucun changement d’envergure. En prime, si l’outil et les méthodes d’usage ne sont pas compatibles avec la complexité, nous sommes dans une situation plus qu’incertaine. Elles nous conduisent soit vers l’effondrement, soit vers la régression (qui ne peut que s’accompagner d’une terrible dictature).
Il faut donc imaginer d’autres méthodes d’organisation de la société. Internet peut être un modèle avec sa structure distribuée et décentralisée. Il faut montrer comment cette nouvelle politique est justement possible aujourd’hui grâce aux nouvelles technologies (elles participent à la complexification et en même temps peuvent nous aider à la gérer). La démerde des uns interconnectée avec celle des autres. Un fantastique démultiplicateur d’intelligence collective.
La redistribution des pouvoirs et la remise des clés de la société aux citoyens est soit une idée de gauche, soit une idée libérale. Mais les partis de gauche, souvent paternalistes, n’ont jamais cherché à la mettre en œuvre et les libéraux se battent surtout pour la liberté de poursuivre leurs magouilles. Et tous défendent une forme de hiérarchisation.
Maintenant une nouvelle méthode politique aurait des conséquences politiques. Par exemple, distribuer la création monétaire, ce qui revient à instaurer le dividende universel, est une mesure sociale. Qui dit décentraliser, dit casser des centres de puissance, donc de nombreux privilèges. On va vers plus de social mais avec des modes d’organisations nouveaux qu’on peut commencer à dessiner.
Le projet du livre n’est donc pas seulement de brûler mais de proposer des solutions, de montrer comment elles sont déjà mises en œuvre dans le cadre d’une démerdocratie émergente.
Et on découvre des usages d’Internet underground. Des échanges de recettes. Des conseils pour construire sa maison. Des maisons qui s’ouvrent la nuit à des inconnus de passage. Nous sommes déjà en pleine démerdocratie. Elle peut se généraliser à la gestion de la cité.
Épilogue
Faut-il encore voter ? La question se pose. Si les politiciens usent de méthodes inefficaces pourquoi perdre du temps à s’intéresser à leurs agitations ? Le démerdocrate n’est pas un militant, c’est un activiste. Il agit, il manage par l’exemple. Il change d’abord le monde autour de lui avant de dire aux autres de l’imiter (tactique de Gandhi). Son action n’est pas incompatible avec la grande politique, elle est parallèle. Elles peuvent se rencontrer de temps à autre mais, si la complexité s’accroît, la démerdocratie ne cessera de se répandre alors que la démocratie s’affaiblira.
La démerdocratie sera-t-elle encore démocratique ? Oui, elle en intègrera toutes les avancées pour le peuple et les étendra dans un monde sans cesse plus complexe. Le livre montrera que la liberté s’accroît avec la complexité. Que donc accepter la complexité, l’accompagner, c’est donner plus de chance à la liberté, à l’égalité et à la fraternité.
PS : C’est une idée. Je ne m’y lancerai qu’avec la carotte d’une avance et d’un contrat. Je préfère en attendant travailler pour la gloire à des sujets plus littéraires, qui d’ailleurs m’éloignent de ce blog en ce moment.