Depuis le 27 juillet, le texte a été téléchargé 19 000 fois, soit une moyenne de 115 exemplaires / jour. Hier, je ne sais trop pourquoi, fut une journée exceptionnelle avec 1 853 téléchargements. Avec 2 400 téléchargements sur les quatre derniers jours, le texte se retrouve en position 15 dans le top des ebooks gratuits d’Apple (avec 141 commentaires, soit plus que tous les autres textes du top 20).
À combien d’exemplaires aurais-je diffusé le texte si je l’avais mis à 0,49 euro ? Ce livre étant libre de droit il me semble malhonnête de le vendre mais j’aurais bien tenté l’expérience pour mesurer l’effet du passage du gratuit au payant (Gallimard a moins de scrupule que moi).
J’avais aussi diffusé le texte en ligne. Il n’a été consulté que 665 fois sur la même période. Cela prouve que peu de gens sont prêts à lire à l’écran et que les liseuses boostent effectivement l’accès aux textes. Nous autres auteurs devons en tenir compte, d’autant que de plus en plus de liseuses comme le Kindle sont capables d’accéder au Web.
Les blogs littéraires doivent être pensés pour les liseuses et non plus pour les écrans. Dans un coin de mon atelier, en parallèle de mon travail sur Le monde de i, j’ai commencé à travailler le sujet. Proposer un texte qui ne se laissera pas enfermer dans un ePub (et encore moins un PDF) et qui donc ne sera lisible qu’à travers un navigateur.
Ce travail m’a poussé à me poser trois questions et à essayer de mettre de l’ordre dans ma pratique littéraire.
Le Web transforme notre façon d’écrire selon La stratégie du cyborg. Je me suis engagé dans cette voie depuis 2006 et je pratique depuis une forme d’écriture sociale. Il ne s’agit pas d’animer des ateliers d’écriture en ligne mais bien de devenir en tant qu’auteur le nœud d’un réseau social.
Diffuser en ligne des textes ne se résume pas à une translation vers un nouveau média. Il y a une dimension politique que j’ai commencé à explorer avec L’expérience inédite. Dans les prochaines semaines, j’écrirai un petit essai, suite de La stratégie du cyborg, où je développerai mes idées en ce sens. Il devrait s’appeler L’édition interdite et sera diffusé en français par Numériklivre et dans les autres langues par 40K.
Écrire différemment et publier différemment ne constitue qu’une étape préliminaire à des œuvres différentes. Pour moi, du moment qu’un texte peut se laisser enfermer dans un ePub, même avec bande vidéo et son en prime, il ne diffère guère de ce qui se faisait par le passé. Nous devons utiliser toute la puissance des outils à notre disposition pour explorer de nouvelles pistes narratives et expressives. Je ne connais pas d’expérience satisfaisante qui aille dans ce sens et je vais m’efforcer de relever ce défit.
Écrire différemment, publier différemment, produire des œuvres différentes… nous avons du pain sur la planche pour les mois et les années qui arrivent.
PS : Pour lire le Giono sur votre liseuse, vous pouvez le télécharger directement.