J’arrête les polémiques à deux balles et je reviens à mon sujet, le Flux, pour lequel Eric Mainville me reproche de linker peu de gens. J’ai bien du mal à faire autrement quand presque tout le monde ne parle que des médias et des people. Je linke les rares personnes qui m’aident à penser, pas les perroquets. J’aurais pu citer Pierre Fraser par exemple mais j’ai pas encore lu son livre.
Où j’en suis ? J’ai identifié quatre formes de flux.
Le Flux comme écosystème, en quelque sorte un espace objectif qui a pour structure les liens sur lesquels circulent les informations comme les émotions. C’est mon sujet central.
Le flux intérieur, le flux éprouvé, être dans le flux selon l’approche de Mihaly Csikszentmihalyi. Pour moi, d’après mon expérience, nous pouvons atteindre cet état quand nous plongeons dans le Flux.
Le flux social décrit par Semprini, le flux des échanges économiques, le flux des matières premières, de notre perpétuel mouvement dans l’espace… Un flux lui aussi d’une certaine manière catalysé par le Flux.
Et puis, avant tout, il y a le flux vital, l’échange constant qui rend possible la vie… flux qui imprègne l’univers en évolution constante. Le flux déjà évoqué par Héraclite : « Nous ne nous baignons jamais deux fois dans le même fleuve. »
Alors on pourrait dire que tout est flux. Tout peut-être vu comme un flux, un processus, un passage. C’est une façon de voir le monde qui s’oppose à celle qui suppose l’existence d’universaux, d’invariants… Le seul invariant est peut-être qu’il existe un flux (on ne peut jamais se défaire tout à fait des invariants).
Il y’a aussi toute la philosophie de Gille Deleuze et Félix Guattari que l’on retrouve dans Capitalisme et schizophrénie 2 : Mille plateaux. En résumé, pour ces deux philosophes tout est question de flux : les personnes, les sociétés, les capitaux… La société est un corps qui est un système de flux, sans cesse encodé/décodé, qui territorialise/déterritorialise les éléments dont il est composé, expliquent Anaïs Guilet et Bertrand Gervais.
Mais mettre du flux à toutes les sauces peut engendrer de la confusion comme me l’a fait remarquer Zoupic. Alors qu’est-ce qui échappe au flux ? Je vais essayer d’ouvrir un inventaire à compléter.
Un livre n’est pas dans le Flux alors que l’œuvre qu’il contient peut l’être. Tout ce qui est matériel, solide, inorganique… n’est pas dans le Flux qui, pour une grande part, est un espace intersubjectif.
Une société stratifiée, hiérarchique, délimitée, bornée, barricadée ne présente aucun des caractères de fluidité et de continuité propre au Flux.
Un mot qui serait défini une fois pour toutes dans un dictionnaire serait lui aussi étranger au Flux où tout se transforme.
La vérité n’a pas de sens dans le Flux. Pas plus le contrôle et la dictature.
Se sédentariser implique une résistance au Flux.
Avoir une carte de visite est une aberration dans le Flux car elle nous présente comme une entité immuable.
Revendiquer un statut social ou professionnel est une aberration puisqu’il ne peut exister de frontière entre deux statuts. Nous ne pouvons qu’exiger des droits égaux pour tous.