Je vous rassure, je suis aussi un con. Que faisons-nous ? Nous ne cessons de parler des médias traditionnels et de linker vers eux. Nous leur donnons ainsi un poids démesuré dans l’écosystème du Web.
De leur côté, ils parlent peu de nous, nous linkent encore moins souvent, parfois même en nofollow (pour éviter que Google remonte jusqu’à nous). Nous sommes les dindons de la farce. Ils refusent d’entrer dans le système ouvert du Flux et dans ses boucles de rétroaction. Avez-vous noté qu’il n’y a jamais de liens dans leurs textes !
La blogosphère reste à construire. Que devrions-nous faire pour nous défendre et faire entendre nos voix ?
N’oublions jamais que nous n’existons que par les liens que nous traçons les uns entre les autres. Nous devons nous interconnecter. Dans le vieux monde, ils parlent de cross-marketing.
Nous devons rendre visible la carte des interconnexions. C’est-à-dire non seulement introduire des liens dans nos articles mais aussi lister les gens qui pointent vers nos articles. Ainsi nos lecteurs peuvent voyager dans la partie de la blogosphère que nous construisons et se promener de proche en proche, guidés par la curiosité, sans avoir besoin de remonter jusqu’aux moteurs de recherche.
Quand nous linkons vers un article d’un média traditionnel ou d’un pure-player qui gratte les subventions, nous devons linker systématiquement en nofollow. Nous ne pouvons pas aider ceux qui n’ont d’autre but que de pomper notre audience.
Nous devons apprendre à regarder notre univers, à nous intéresser à ceux qui comme nous font œuvre sur le Web lui-même. Nous devons parler des artistes du Web, des écrivains du Web, des essayistes du Web, des news que nous révèlent nos contacts sur nos réseaux… ou même des livres dont les médias ne parlent pas. Nous devons arrêter de jouer aux perroquets sarcastiques. Prenons l’exemple de Marsupilamima qui parle de théâtre et non du théâtre dont parlent les médias ou de Pacco qui continue à refaire son monde.
En parallèle, revenons à la vieille habitude de parler des autres blogs, réagissons à distance, linkons les informations en réel cette fois pour établir des routes de lecture dans notre écosystème et cessons de subventionner le vieil écosystème qui ne souhaite que nous étouffer.
Tentons d’apporter quelque chose de plus, ne soyons pas simplement le miroir de ce qui se passe dans le monde médiatique, sinon nous nous retrouvons intégré à lui comme sa Némésis.
Refusons de bloguer à l’intérieur d’un autre média à moins qu’il ne nous rémunère. Refusons d’aller générer du trafic, donc d’enrichir une entreprise qui, dans le même temps, lutte pour restreindre notre visibilité. Sous prétexte de gagner un peu de visibilité un jour, on perd toute visibilité à jamais.
Que nous le voulions ou non, nous sommes en train de créer un nouvel espace informationnel. Nous devons avaler la presse, attirer dans nos rangs tous les journalistes, inventer comment rendre ce monde soutenable. Les journalistes ne sont plus, le temps des blogueurs-connecteurs est venu.
Au final, ignorons Google. Cherchons à nous construire une audience qui nous soit propre.