Le livre comme l’information va s’écouler par tous les pores, se répandre par tous les interstices, jusqu’à rejoindre le flux global sans qu’aucun éditeur ne puisse endiguer le mouvement. En attendant, dans la transition, ils tentent d’imaginer des techniques pour augmenter le livre d’une ombre électronique sans pour autant renoncer au papier, objet sympathique mais définitivement pas écologiquement friendly.
Après l’hyperlivre de Jacques Atalli et ses codes barres pour obtenir des contenus complémentaires, c’est autour du nouveau livre de Frédéric Kaplan, La métamorphose des objets, que FYI éditions greffe la technologie Bookstrapping, lancée aussi par Frédéric Kaplan. Idée pouvoir commenter en ligne toutes les pages du livre sans que le livre lui-même ne soit en ligne (explications détaillées sur La Feuille).
Ces efforts, louables mais à mon sens désespérés, me font penser aux premiers imprimeurs qui faisaient encore dessiner les lettrines à la main pour donner un côté manuscrit à leurs ouvrages. Le contraire se produit aujourd’hui. On tente par tous les moyens de donner un côté électronique au livre, parce qu’on sent bien que c’est vers l’électronique que s’effectue la dérive. Ridicule.
Pourquoi compliquer quelque chose de très simple (à moins que ce ne soit que du marketing) ? Ne suffit-il pas de mettre le livre en ligne et d’offrir des fonctions de commentaires in vivo ? De nombreuses expériences ont déjà été menées Je pense au Golden Notebook de Doris Lessing ou aux livres de MacKenzie Wark. Les plateformes de republication comme Scridb et Camaléo offrent déjà la possibilité de commenter partout, d’ajouter des contenus connexes, sans parler de diigo.com ou de sidewiki. Pas la peine de réinventer l’eau chaude.
Ok, si on met les textes en ligne pour les ouvrir à l’interactivité, quid de l’économie du livre ? Il faut trouver des solutions mais ce n’est pas en restant collé au papier qu’on les trouvera. Vous perdez votre temps en imaginant des solutions gigognes pour accompagner la transition. Transitez tout simplement. À côté de sa version papier, le livre doit aussi exister dans le flux. Un simple search permet de passer d’une version et l’autre et de se repérer. Pas besoin de code barre stupide, ou même des numéros de page ou d’une autre codification. Les mots suffisent !
Pour ma part, je rendrai mon prochain livre disponible en ligne, sans doute sur un blog développé à partir d’un template WorPress qui autorise les commentaires en regard du contenu (par exemple CommentPress). Si je suis pas trop à la bourre avant la finalisation, je proposerai une version bêta du manuscrit pour que quelques lecteurs volontaires puissent déjà l’annoter et éventuellement m’aider à préciser quelques idées. Si tout va bien ce sera en décembre et il restera un bon mois pour fignoler avant la sortie papier prévue en avril.