Avec Les envoutés, Gombrowicz voulut un bon mauvais roman. J’ai la même ambition avec Croisade. Grâce à Twitter, j’ai trouvé une contrainte qui me pousse à coller au style de la littérature hall de gare (la contrainte aurait pu avoir d’autres effets mais c’est ainsi pour moi).
J’ai une admiration sincère pour tous ces auteurs, qui avec des phrases maladroites, convenues, des personnages caricaturaux, sont néanmoins capables de nous captiver pendant des heures (ça m’intéresse d’autant que la psychologie romanesque m’agace – peut-être la raison qui me fait aimer Arthur C. Clarke). J’ai toujours été jaloux des auteurs « à succès » parce que je suis incapable d’écrire comme eux. J’ai souvent essayé et, à force de me planter, j’ai cessé de les mépriser et me suis mis à mépriser ceux qui vilipendent cette littérature. « Faites en autant, écrivez un bestseller à la con. »
J’essaie donc, façon de mieux comprendre le genre. Avec l’expérience de mon passé de rôliste, je me suis lancé dans l’histoire sans rien planifier sinon que le tout devait faire 80 chapitres de 3 à 8 pages, de quoi avoir au final un livre de plus de 400 pages, format minimal pour le genre. J’improvise de tweet en tweet, créant le passé des personnages a posteriori en fonction des évènements. J’ai commencé une partie de jeu de rôle avec mes personnages. Je termine un chapitre sur un évènement sans savoir comment je m’en sortirai au chapitre suivant.
Je n’ai donc aucune ambition littéraire, je veux justement nier la littérarité avec ce texte, enchaîner les phrases banales, juste essayant de multiplier les évènements, les surprises, tout en évoquant les sujets politiques et philosophiques qui m’intéressent.
Je crois d’ailleurs que tous ceux qui prétendent faire de la grande littérature, ou prétendent savoir ce qu’elle est, ne connaissent pas grand-chose à la littérature tout court. Un bon livre est un livre qui change ma vie. Des livres de SF maladroits m’ont autant influencé que Proust. Parmi les livres, ceux que je déteste le plus, prétendent en général à quelque chose (nos Goncourt).
Je déteste l’idée de collection, de classification, de ciblage. Nous en sommes à l’époque des tags et des folksonomies, plus à celles des étiquettes rigides. Tous ceux qui s’en réfèrent à elles ne m’intéressent pas.
PS1 : Je révolutionne pas la littérature avec le twiller mais ma façon d’écrire, c’est déjà pas mal.
PS2 : Le twiller n’est pas fait pour être lu sur Twitter. Il est écrit grâce à Twitter.
Billet écrit après Twitter du livre de Hubert Guillaud et les commentaires de Pierre Ménard.