Mon twiller s’inspire de brouillons que j’ai écrits ces dernières années. Je suis tombé aujourd’hui sur une note préliminaire de 2006 qui résume la trame générale de Croisade et qui pourrait trouver sa place en tête du roman.
Chaque fois que nous dialoguons avec quelqu’un, nous faisons circuler entre lui et nous des informations. Depuis la fin du xxe siècle, sous l’impulsion des nouvelles technologies de communication, toutes ces informations qui circulent librement entre chacun de nous constituent un flux d’une ampleur sans précédent. Ce flux rappelle les signaux électriques et chimiques dans nos cerveaux. Il participe à l’émergence d’une intelligence globale, d’une conscience collective.
Si vous lisez ces lignes, vous vous sentez peut-être déjà dépositaire d’une part de cette conscience. Vous vous savez membre d’un tout qui vous dépasse, un tout qui unit les êtres vivants à la planète elle-même. Par le passé, seuls les croyants partageaient cette expérience, aujourd’hui universelle.
Dorénavant, ce qui se passe ailleurs nous concerne tous. Nous ne pouvons plus laisser faire n’importe quoi. Réciproquement, quand nous découvrons une initiative intéressante, nous voulons pouvoir la reproduire. C’est une révolution radicale. Mais comme toute révolution, elle engendre ses détracteurs.
Certains hommes, souvent au nom de grands principes philosophiques, d’autres fois au nom de la tradition, refusent l’idée de conscience collective. Ils veulent maintenir les frontières, qu’elles soient géographiques ou raciales, idéologiques ou religieuses. Pour préserver le monde dans lequel ils sont rois, ou tout au moins confortables, ils ont lancé une croisade contre les animateurs de la conscience collective: les hommes libres.