C’est le titre d’un article de Susan George où elle préconise une forme de volontarisme gouvernemental pour remettre le monde en bon ordre de marche.
Quand elle dit :
-- We must think big.
J’ai envie de lui répondre :
-- I don’t think so. We must think small, very small.
Dans l’article de Susan, il y a cette idée qu’individuellement nous ne ferons pas la différence. Nous serons morts avant d’avoir changé globalement nos habitudes. Pour agir vite, il faut une décision en haut de la pyramide.
J’ai déjà souvent argumenté contre cette pensée, aujourd’hui dominante, tant dans nos gouvernements que chez de nombreux activistes, surtout ceux clairement à gauche. Je me contente de lister mes arguments.
- Des actions locales peuvent se consolider et se globaliser à très grande vitesse. Exemple Internet et, sur Internet, la plupart des grands services qui ont été lancés par des sociétés minuscules. Google par exemple qui n’a jamais utilisé la puissance des médias installés.
- Une action volontariste par le haut implique une solution globale, donc uniforme d’un bout à l’autre de la planète. L’uniformité est dangereuse. Si un maillon lâche, la réaction en chaîne se propage sans retenue. C’est un peu ce qui s’est passé dans le monde financier où tous les boursicoteurs spéculent de la même façon. Un monde avec des milliers de monnaies, des milliers de systèmes financiers, serait beaucoup plus robuste.
- La biodiversité est un gage de solidité pour la biosphère. La diversité est indispensable dans nos sociétés. Je suis souvent surpris de voir des gens défendre la biodiversité et prôner par ailleurs des modes de gouvernement qui entraveraient l’humanodiversité.
- Globaliser, ce n’est pas uniformiser mais, au contraire, étendre les ramifications de l’interdépendance.
- Nous devons globaliser la diversité pour multiplier nos chances de découvrir des solutions. Nous devons amplifier l’interdépendance, c’est-à-dire la connexion, pour que ces solutions se propagent.
- Les approches par le haut fonctionnent quand on connait les solutions, c’est-à-dire quand on n’a pas vraiment de problème. Or, nous avons un immense problème qui s’aggrave de jour en jour et qui s’aggravera de plus en plus tant que nous chercherons à le solutionner par l’approche à l’origine même du problème.
Avec « Think different », Steve Job nous a prouvé qu’on prouvait changer une industrie. Nous devons reprendre ce slogan à notre compte en politique. Malheureusement, depuis que je fréquente un peu ce milieu, je n’ai jamais autant vu à l’œuvre la pensée conformiste.