J’étais il y a quelques jours près de Saint-Emilion. Je me suis assis un moment non loin d’un château au sommet d’une colline et j’ai contemplé au loin les alignements des vignes, troués de quelques bosquets, traversés de chemins. Plus haut, passait une route où, de temps à autres, glissait une voiture. Entre deux passages nuageux, le soleil cognait et provoquait des bourrasques qui secouaient les chaînes et les peupliers.
Mes yeux se sont posés sur une abeille qui sautait de fleur en fleur. J’ai longuement suivi sa danse et j’ai songé que depuis que je suis connecté en continu je prends moins le temps de me connecter avec la nature.
J’ai eu cette sensation, toujours désagréable, de passer à côté de quelque chose d’essentiel. J’ai beau savoir que la vie est faite d’époques et qu’il y a un temps pour tout, je regrette souvent mes après-midi passés à ne rien faire, sinon à gribouiller quelques aquarelles et prendre quelques notes sur mes carnets.
Je sais qu’un jour il me faudra prendre mes distances avec le web, laisser tout cela de côté, le voir de très loin et avec ironie. Pour le moment, il se passe encore trop de choses pour que je décroche et pour que je rêve d’autres choses.
Si d’ailleurs, je n’avais pas passé autant de temps à rêvasser après m’être un temps désintéressé de la technologie, je n’y serais pas revenu avec les idées que je défends aujourd’hui. Elles se nourrissent plus des longs moments passés en garrigue ou en montagne que de lectures savantes.
La vie est un va et vient.