Ma décision de ne publier dans mon flux RSS que les résumés des articles a provoqué quelques réactions, dont une virulente de Manuel Vila. Je profite de ma réponse pour expliquer mon choix. Mon flux est ouvert depuis l’origine de ce blog. Les textes que j’écris ici peuvent être reproduits ailleurs et les lecteurs peuvent les lire dans les conditions qui les arrangent. Je continue à défendre cette position mais un flux ouvert c’est un peu comme un e-mail trop connu, on finit par être submergé par les messages non sollicités, pour un flux ils prennent la forme de trackbacks sans intérêt qui viennent polluer le fil des commentaires.
Depuis longtemps, les spammeurs utilisent les flux pour recréer des sites qui n’ont pour but que d’attirer les requêtes Google et détourner du trafic des articles d’origine. Tant qu’ils ne republient que les résumés des articles, comme le font les moteurs de recherche, nous sommes dans une situation gagnant-gagnant. Ces sites en essayant d’attirer des visiteurs nous en font aussi gagner.
En revanche, quand ils republient nos articles dans l’intégralité, sans nous demander notre avis, sans nous donner la possibilité de nous retirer de leur système, ils volent nos contenus. Si nous diffusons des flux intégraux c’est pour que les lecteurs puissent les lire dans leur agrégateur et non pour que les spammeurs dupliquent nos sites.
Je me suis longtemps moqué de ces pratiques tant qu’elles ne me faisaient pas perdre du temps. Mais les spammeurs, pour donner du poids à leurs pages, tentent de créer des liens vers elles. Quel meilleur moyen que la fonction trackback ?
Quand ils republient un article, ils envoient un ping au site d’origine, ping qui se transforme automatiquement en commentaire dans l’article, donc en lien vers sa copie qui, du coup, pour les moteurs, prend de la valeur. J’étais obligé, ces derniers temps, de supprimer les trackbacks de mon blog comme je le fais avec les spams dans ma messagerie. J’en avais tout simplement assez de perdre du temps.
Un flux résumé est beaucoup moins intéressant pour un spammeur. Comme il est court, déjà reproduit par tous les moteurs de recherche, il a peu de chance de capter du trafic. Depuis que j’ai bridé mon flux, les trackbacks parasites se sont interrompus.
Maintenant, rien n’empêche à un spammeur d’aspirer le contenu de mon site, de continuer à le reproduire et de le bombarder de spams. C’est juste un peu plus compliqué, donc un peu plus dissuasif et surtout clairement illégal.
Le trackback est pour moi l’innovation majeure depuis l’apparition du web. Cette possibilité de créer des liens réciproques est une façon de consolider les liaisons, de leur donner du poids comme dans un réseau de neurones, c’est un pas essentiel vers l’intelligence du réseau.
Les blogueurs y participent pour beaucoup lorsqu’ils se commentent les uns les autres. Le trackback était ainsi à l’origine une façon automatique de se signaler aux autres et de renforcer le réseau. Cette fonctions est peu à peu abandonnée parce qu’elle autorise le spamming et je tente de faire de la résistance.
Je préfère donc laisser en vie la fonction trackback plutôt que mon flux intégral. Je n’ai d’ailleurs jamais considéré les flux comme une innovation majeure mais comme une innovation technique à destination des techniciens. Si tel n’était pas le cas, l’usage des flux se serait démocratisé depuis dix ans et, même aujourd’hui, il reste élitiste. Quoi que nous disent les promoteurs des agrégateurs, ce marché n’a jamais explosé et il ne le fera qu’au prix d’une révolution. C’est une des raisons pour lesquelles je travaille à coZop. Le but d’un tel service est de faire disparaître les flux des yeux des utilisateurs.
J’ai bridé mon flux pour ma tranquillité et pour tenter de préserver ce qui me paraît essentiel dans le web 2.0. Mon flux intégral était en train de me faire perdre du temps, me forçant à nettoyer les trackbacks, et j’ai déjà trop peu de temps. C’est un peu comme une maison de vacances où on passe un mois par an et qui engloutit 50% de nos revenus. C’est absurde.
Comme plus de 80% des sites web, je n’ai pas bridé mon flux pour protéger mes contenus. Ils restent librement accessibles sur mon blog et les agrégateurs intelligents peuvent remonter à la source pour recréer les articles dans leur intégralité, coZop fonctionne de cette façon d’ailleurs.
PS : Je poursuis cette réflexion dans un second billet et réponds à l’autre question de Manuel « Qu’est-ce que je connais des auteurs ? ».