La semaine dernière, avant de prendre le TGV, j’ai acheté des BD comme je le fais souvent. Au dernier moment, j’ai saisi Maharajah de Joann Sfar.
Quand j’ai ouvert ce pavé de 400 pages, il m’a explosé à la figure, je n’ai pu m’empêcher de penser aux carnets de Delacroix et à mes propres expériences aux cours des années 1990. Après plusieurs années passées sur des romans systématiquement refusés par les éditeurs, j’avais décidé de n’écrire que des carnets car j’estimais que c’était la forme le plus en accord avec notre temps. Je le pense encore, le blog étant pour moi ni plus ni moins qu’un carnet.
En lisant Sfar, j’ai rajeuni et j’ai à nouveau éprouvé le désir de passer mon temps à me promener, à gribouiller des dessins, des rêveries… Ces derniers temps, mes textes surabondants ont totalement occulté le barbouillage et peut-être aussi l’art de méditer, de prendre mon temps face à un paysage et de le parcourir ligne à ligne.
J’ai toujours considéré le dessin comme un exercice pour mieux voir. Le résultat n’avait aucune importance, seul le moment passé à dessiner importait… moment que je retrouve quand je regarde mes vieux dessins même s’ils manquent souvent de tenue. Sfar en revanche est un maître du genre. Il dessine, lui aussi je crois, pour mieux voir tout en maîtrisant la technique… et, du coup, il voit sans doute mieux comme j’estime aujourd’hui mieux voir en écrivant car je suis, d’une certaine façon, surentrainé.