J’ai l’intuition qu’une forme de conscience collective ne peut émerger que si elle s’appuie sur un immense réseau d’amitié. La réciprocité des liens, cet absolu gagnant-gagnant, même s’il est rarement éternel, doit faciliter le transport des autres interactions (l’amitié comme équivalent du boson en physique).
Je rêve en ce moment d’un récit, qui au travers de la recherche d’un ami perdu de vue, initierait à la connexion. Le point de départ serait le refus de laisser mourir une amitié, en même temps que toutes les amitiés potentielles… celles qui pourraient naître avec des gens que nous avons croisés quelques fois bien que nous en restions au même point, comme si nous avions peur de nous déclarer. Il y a aussi tous ceux que nous pourrions croiser si nous avions la force d’aller vers eux.
Il me semble que, à travers cette quête de l’amitié, cette quête de la connexion essentielle, je pourrais initier à la connexion comme forme politique. J’imagine un récit sur le modèle du jeu de piste. Le héros à la recherche de son ami perdu rencontrerait d’autres gens qui chacun révélerait, petit à petit, l’existence du peuple des connecteurs.
Pour que ce peuple vive, il faut que chacun de nous soit attentif à toutes les connexions possibles, sur internet mais aussi dans la vie. Il ne faut manquer aucune occasion. Je suis bien placé pour le dire car je suis le spécialiste des ratés. Souvent par manque de temps, par fatigue, je reste dans ma coquille. Le moindre voyage en train, la moindre soirée, devrait être l’occasion de créer une connexion. Je dois m’initier moi-même. En écrivant Le peuple des connecteurs, je me suis déjà changé. Je veux faire un pas de plus.