Depuis 1975 et la découverte des algorithmes génétiques par John Holland, l’évolution n’est plus une théorie mais une technologie. Non seulement nous savons faire évoluer des programmes mais aussi des modélisations.
Par exemple, en accouplant virtuellement différents modèles de mémoire électronique, on peut en inventer de nouveaux. Il suffit alors de tester ces modèles en simulateurs, de sélectionner les plus performants et de les accoupler encore et encore jusqu’à obtenir un produit innovant. Jose Sullivan a ainsi créé des mémoires d’une durée de vie 30 fois supérieures à celles commercialisées aujourd’hui. Mais est-ce vraiment Sullivan qui les a créées ?
Tout ceux qui croient que l’homme est un petit dieu insurpassable sinon par Dieu lui-même n’apprécient sans doute pas que nous puissions déléguer à des machines l’acte créateur.
Je me demande, si un de ces jours, ils ne tenteront pas de faire interdire les algorithmes génétiques. Ils prétendront peut-être que ces programmes risquent d’inventer des fonctions imprévues et potentiellement dangereuses.
Refuser le risque, c’est refuser l’invention, c’est refuser l’évolution. Cette position s’appelle le conservatisme, voire l’intégrisme.
Entre notre intelligence créative et celle de l’évolution, il y a avant tout une différence temporelle. Nous allons plus vite que l’évolution, de la même manière les machines iront bientôt plus vite que nous. David Oranchak leur apprend d’ailleurs à créer des œuvres d’art.
La création s’effectue toujours par accident : lorsque des idées sans rapport se connectent soudain dans notre esprit. Les algorithmes évolutifs objectivent ce processus. Ils nous révèlent comment nous fonctionnons, comment le monde fonctionne.
Bientôt de nouvelles technologies issues de processus évolutifs nous entoureront sans que nous les comprenions. Est-ce si terrible ? Nous avons vécu des millénaires entourés par une vie qui nous était totalement étrangère. Un temps nous avons cru pouvoir dominer la complexité du monde mais déjà cette illusion se dissipe. Nous devrons réinventer des mythes pour expliquer ce monde qui nous échappera toujours.