En France, ces vingt dernières années, nous avons essayé la gauche et la droite, disons le PS et le RPR/UMP et même deux fois la cohabitation. Résultat, c’est toujours la merde. La France poursuit son déclin économique à l’échelle mondiale et, ce qui est bien plus grave, les Français sont toujours aussi pessimistes. Moi, je me dis, sans trop d’illusions je le précise, qu’il est temps d’essayer autre chose.
À droite et à gauche, on veut reprendre les mêmes, ou presque, et surtout les mêmes méthodes, ou presque, tout ça pour se planter comme par le passé. Alors, quand j’entends dire que l’union nationale est impossible par les tenants de la droite et de la gauche, je me marre. Réveillez-vous. La droite ou la gauche, c’est possible mais ça ne marche plus depuis vingt ans. On vient d’essayer… plusieurs fois même.
Tout le monde savait que c’était impossible à faire. Puis un jour est venu un homme qui ne le savait pas. Et il l’a fait.1
Avec cette remarque, Churchill nous a déjà démontré que nous devions tenter l’union nationale. J’ajoute quelques arguments.
- Si on ne prend pas de risques, on n’a aucune chance de gagner gros. Et comme la France a besoin d’un jackpot, autant essayer ce qui ne l’a pas été depuis bien longtemps.
- Ce n’est parce que l’union nationale a été tentée sans succès qu’il faut l’écarter définitivement (dans ce cas la gauche et la droite devraient être bannies de la politique).
- L’union nationale serait faible car non appuyée sur une majorité. Mais l’union nationale ne peut-elle être, elle-même, la majorité ? Les législatives viennent après la présidentielle. Entre temps, l’union nationale peut être créée.
- Le pouvoir fort, autoritaire, qui fait passer des idées par-dessus celles des autres n’a aucune efficacité dans notre monde complexe où personne ne contrôle vraiment ce qui se passe.
- Un pouvoir d’union, donc sans majorité propre à l’intérieur de ses rangs, est forcé au dialogue et à la collaboration. Or, aujourd’hui, nous avons besoin de l’intelligence de tous. L’union nationale est le meilleur moyen de faire fonctionner l’intelligence collective. En elle-même, elle impose le dialogue.
- Pour être efficace, l’union nationale doit modifier les institutions pour introduire le dialogue à tous les niveaux. Elle doit construire un pays où les forts justement ne sont pas tout-puissants. C’est son fondement philosophique. Je crois qu’il n’a encore jamais été mis en œuvre. Dans un système fait pour les forts, comme en Italie, l’union nationale est chahutée. À cette union nationale, dès son élection, de changer le cadre où elle s’exercera.
- Les mouvements d’union nationale seraient instables. Dans un monde qui évolue sans cesse, la stabilité n’est pas vraiment un avantage. Pour preuve, on demande aujourd’hui aux entreprises et aux individus d’êtres réactifs et non figés sur des préceptes. Nous devons en attendre autant de nos gouvernements. L’instabilité, c’est la vie. La stabilité, c’est la mort. Mais instabilité ne veut pas dire anarchie. L’instabilité peut-être créative.
- Internet nous apprend en ce moment la possibilité de cocréer de la valeur, d’œuvrer dans un esprit gagnant-gagnant. D’une certaine façon, internet résulte d’une union internationale. Tout le monde s’est retroussé les manches, sans se préoccuper de nationalité, ni de savoir dans quelle entreprise on travaillait. Ça n’empêche pas la concurrence mais cette méthode de travail a permis un fantastique développement en une dizaine d’années. Pourquoi pas cela en France ?
C’est juste quelques idées dont j’ai étayé certaines dans Le cinquième pouvoir. Quand je vois des hommes politiques dirent qu’ils refuseront de participer à une union nationale je les trouve mauvais perdants par anticipation et, surtout, très prétentieux. Ils croient sans doute que nous ne pouvons pas nous passer d’eux.
Je crois que, au contraire, les hommes de gauche comme de droite aiment trop le pouvoir pour le refuser quand on leur proposera de le partager. Ceux parmi eux qui sont intelligents, qui aiment la France, se mettront au travail. Nous sommes soixante millions, il y aura toujours des volontaires. Et tant mieux s’ils ne sont pas tous politiciens (depuis longtemps je suis persuadé que les forces vives de la nation ne font pas de la politique parce que le clivage droite-gauche les désespère).
Pour une fois, l’union nationale mettrait en place une politique pour les Français et non pas contre ceux des camps adverses. C’est peut-être une utopie mais j’ai envie de la voir vivre.
- Je n’ai pas trouvé la source de cette citation de Churchill. En cherchant, je suis tombé sur une autre citation comparable par Mark Twain : « On avait oublié de leur dire que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »
Article aussi publié sur Agoravox.