Depuis quelques semaines, des analystes, notamment des blogueurs comme le duo de Netpolitique, utilisent une étude Ifop pour douter du cinquième pouvoir (propos d’autant plus surprenant pour un blogueur car il n’aurait aucune légitimité si le cinquième pouvoir n’existait pas un tout petit peu).
Sur le plan méthodologique, cette étude, comme beaucoup d’études actuelles, commet une erreur : elle prend un échantillon représentatif des internautes français. Ça n’a aucun sens. À une époque où la société se fractionne en niches de plus en plus étroites (niches électorales comprises), l’opinion d’ensemble n’existe tout simplement plus. Pour approfondir ce point, je renvoie au chapitre 7 du cinquième pouvoir.
Maintenant regardons un premier chiffres : 21 % des internautes feraient confiance au net comme principale source d’information politique. Certains disent que ce n’est pas beaucoup, 5 millions de Français ça ne compterait pas ! Moi je crois le contraire. En 2002, il n’y avait pratiquement personne pour dire qu’internet était une source d’information politique fiable. En 5 ans, le bouleversement est tout simplement énorme.
Par ailleurs, l’internaute qui fait l’effort d’aller chercher l’information est nécessairement un connecteur, il va plus ou moins propager cette information, au moins dans son cadre familial et social. Tenir compte de l’influence d’internet en négligeant le buzz qui est son mode même d’influence est tout simplement absurde. Ce n’est pas parce que le buzz est difficile à mesurer qu’il faut l’ignorer. Je rappelle que sans buzz, les grands services internet n’existeraient tout simplement pas.
Des millions d’internautes qui parlent de politique, ça fait beaucoup de bruit, surtout lorsque certains de ces internautes, estimés à 2 ou 3 millions, ont le courage de s’intéresser aux sources non officielles que sont les blogs, donc se construisent peu à peu une nouvelle vision politique.
Ces petits nombres énormes à mes yeux font dire à certains que le cinquième pouvoir n’existe pas et ne jouera aucun rôle politique. C’est oublier l’essentiel.
1/ Les prochaines élections en France ne constituent qu’une parcelle du champ politique, l’essentiel se passe ailleurs.
2/ Les vrais échéances sont mondiales (dérèglements climatiques, écologiques, sociaux…) et locales (à mon sens le national est dépassé). Le cinquième pouvoir sera jugé dans la durée, dans sa capacité à affronter ces problèmes. Il a commencé à le faire avec de multiples approches Open Source.
3/ Les blogs ne représentent que la partie la plus visible du cinquième pouvoir (ils le réduisent souvent à un contre-pouvoir de type presse). Des forums au wikis en passant par les services web 2.0, tous les outils collaboratifs participent à son développement.
4/ La révolution du cinquième pouvoir s’accompagne d’une prise de conscience. Elle transparaît aussi dans les médias traditionnels, car parmi les amateurs avertis de la web politique il y a beaucoup de journalistes. Il est impossible aujourd’hui de définir une frontière entre les médias off line et on line. L’influence du cinquième pouvoir se diffuse par de multiples canaux.
Le cinquième pouvoir ne fera pas la campagne présidentielle. Il influencera peut-être en faveur d’un candidat plus que d’un autre, c’est tout. Son combat va bien plus loin qu’une simple élection, c’est un combat pour reconcevoir la société.