Je lis souvent à droite à gauche, parfois même sous la plume de gens que j’aime bien, des petites choses qui me choquent. Par exemple, la mondialisation s’accompagnerait d’une concentration des entreprises. Je pense qu’il s’agit d’une idée reçue.
Si la mondialisation impliquait la concentration, il devrait y avoir de moins en moins d’entreprises. Après une seule requête sur Google, j’ai l’impression que le contraire se produit, même en France. Il n’y a pas de moins en moins d’entreprises, à l’échelle mondiale je pense qu’il y en a de plus en plus au contraire.
Aujourd’hui nous assistons à une distribution des centres de décision, une distribution des pouvoirs. Elle se produit en interconnectant de plus en plus les hommes. La globalisation, c’est le passage d’un mode d’organisation pyramidal à un mode en réseau. Il y a globalisation car le réseau crée une interdépendance de toutes les économies mondiales, de toutes les entreprises.
Les médias communiquent souvent une image beaucoup plus négative de la mondialisation. Comme souvent, notre regard se laisse attirer vers ce qui fait beaucoup de bruit : les grandes fusions. Si elles mettent en jeu de faramineux capitaux, ce n’est pas pour autant que la majorité des hommes travaillent dans ces structures. Le fait justement qu’ils n’y travaillent pas montre que notre civilisation se dirige dans une autre direction.
Les concentrations m’apparaissent comme un cri au secours d’une forme de capitalisme. Il imite la grenouille qui cherche à se faire plus grosse qu’elle ne l’est. Il cherche à cacher qu’il traverse une crise profonde. Dans un monde en réseau, un monde complexe, la centralisation comme la concentration ne sont pas efficaces.
Lors de ma conférence au CERN, j’étais en compagnie de barons de la grande distribution. Très puissants. Mais leur marge nette fait pitié par rapport à celle de nombreuses boîtes internet que je connais. Ils gagnent plus d’argent au total mais leurs rendements sont mauvais, qui dit mauvais rendements implique une dépense énergétique inutile… inacceptable dans un monde en crise écologique.