J’ai déjà parlé en public trois fois de la longue traîne en politique : devant la jeune chambre économique, à Science Po et lors du LeWeb3, chaque fois très vite, ce qui ne m’a permis que d’exposer l’idée générale.
Je consacre à ce sujet un chapitre dans Le cinquième pouvoir. Résumé : comme dans la consommation on line, une longue traîne est en train d’apparaître en politique. Nous avons de plus de en plus de candidats qui récoltent de moins en moins de voix. C’est un changement profond dans la nature même de la démocratie, c’est, à mon sens, un pas vers plus de démocratie.
Je ne veux pas ici argumenter ma thèse mais juste répondre aux premières critiques que j’ai repérées sur le web.
Denis m’accuse de transposer des données d’un champ du savoir à un autre. Il me conseille de lire Impostures Intellectuelles. Il se trouve que j’ai lu et relu ce livre en 1996 lors de sa sortie. J’ai même assisté à une conférence de Bricmont à Jussieu sur Prigogine et j’ai échangé quelques mots avec lui.
Contrairement à ce que dit Denis, une longue traîne ne représente pas « le montant des ventes d’un produit à travers le temps », faut lire Chris Anderson, mais classe tous les produits vendus sur une période par rang de popularité et indique le nombre d’exemplaires vendus.
J’ai exactement fait la même chose. J’ai classé les hommes politiques par rang de popularité lors des élections présidentielles françaises et j’ai indiqué le nombre de voix récoltées. J’ai obtenu une longue traîne en 2002 et pas avant.
Bricmont reproche aux spécialistes des sciences humaines, ce que je ne suis pas, de s’approprier des théories des sciences dures et de les transposer arbitrairement. Par exemple, de piquer le principe d’incertitude et de l’appliquer sur la psychologie.
Je n’ai pas l’impression d’avoir fait la même chose. La longue traîne n’est pas une théorie mais juste une observation dans le domaine de la consommation, donc celui des comportements humains. J’ai fait la même observation dans un autre domaine des comportements humains, les électeurs lors d’un scrutin électoral.
Pour répondre aussi à ntiourtite sur le blog de Place de la démocratie, je n’ai pas décidé qu’il y avait une longue traîne en politique, je l’ai trouvée, je n’y peux rien, elle est là que vous le vouliez ou non, n’importe qui peut tracer la courbe. Ça ne veut pas dire qu’elle sera là en 2007. Je crois juste que nous allons vers plus de choix politiques. Les intérêts pour les citoyens sont énormes. Je m’explique dans le livre. La longue traîne implique un nouveau régime démocratique dominé par la collaboration et le participatif, la fin de l’oligarchie.
PS : Beaucoup de choses qui seront dans le livre ont déjà été dites ici, mais beaucoup d’autres non, l’essentiel même. J’essaie d’utiliser le blog comme un laboratoire en amont et en aval du livre, je n’aime pas m’y répéter, parce que certaines choses demandent beaucoup de pages… et que le blog n’est pas approprié.