Cet après-midi de 14 à 15 heures, je participe sur France Culture à Science Publique, émission de Michel Alberganti. Le sujet : quand votera-t-on sur Internet ? J’ai déjà donné mon point de vue sur le sujet lors du World e-gov forum.
Lorsque j’ai reçu l’invitation de France Culture le sujet de l’émission devait être : pourra-t-on bientôt voter sur internet ? Cette question n’avait aucun intérêt car techniquement qu’on puisse voter sur Internet ne fait aucun doute. La nouvelle question est plus intéressante.
Tout d’abord, sur Internet, on vote tous les jours. Par exemple, sur Agoravox les lecteurs votent pour les articles qu’ils aiment et la une du journal citoyen se redessinent en fonction de leurs choix.
D’autres types de vote sont moins explicites. Quand, depuis mon blog, je pointe vers un autre blog, je vote pour lui en lui donnant plus de visibilité dans les moteurs de recherche. Quand j’achète un livre sur Amazon, je vote aussi pour lui, associant ce livre à tous les autres que j’ai déjà achetés, construisant par mes choix un filtre d’achat qui aidera d’autres lecteurs.
Le vote n’a plus besoin d’être déclaré.
Le vote n’a plus besoin d’être soumis à tous les citoyens.
Ces nouvelles modalités de votes sont plus dynamiques que le vote démocratique. Elles ne nous aident pas à trancher dans une direction ou dans une autre mais à nous harmoniser. Si le vote électronique présente peu d’intérêt à mon sens, l’harmonisation électronique me paraît beaucoup plus riche de possibilités.
Mais comme l’harmonisation d’une dizaine de personnes est déjà difficile, nous avons pris l’habitude de nous structurer hiérarchiquement. Les hiérarchies nous ont permis de structurer nos sociétés et de les faire grandir.
Malheureusement dans un monde de plus en plus complexe, le système managérial est de moins en moins adapté (faible bande-passante, manque de réactivité, sempiternelles luttes de pouvoir, mauvais rendement, coût énergétique qui croit exponentiellement…). Si nous voulons nous en sortir, nous devons apprendre à collaborer à vaste échelle.
Les nouvelles technologies entrent alors en jeu : elles nous aident à construire des réseaux à travers lesquels nous pouvons collaborer en nous affranchissant des limites humaines (le fameux groupe de 100 personnes). Les réseaux nous permettent de collaborer avec des gens que nous ne connaissons pas. Wikipedia est un bon exemple. Mais Internet en est un autre.
Nous ne faisons que chercher à nous harmoniser.
Nous ne votons pas parce qu’il n’y a rien à gagner à prendre des décisions aussi sommairement.
Lorsqu’un groupe a une idée, il l’implémente, si elle fonctionne d’autres groupes s’en empare et la propagent. Jamais un groupe ne pense pour tous les autres.
Suis-je contre le vote ?
Non.
En fait, je suis pour la tenue régulière d’élections car elles forcent le débat démocratique. Mais ces élections doivent faire émerger des élus avec de nouvelles missions. De managers, ils doivent devenir des leaders. Ils ne nous diront plus comment faire les choses mais nous montreront comment ils les font eux-mêmes. Ils nous serviront d’exemple et non plus de chef de police. Ils donneront des directions à la société sans nous dire comment résoudre les problèmes de terrain.
Dans une démocratie participative, les citoyens agissent, se critiquent, s’échangent les bonnes idées. Les élections posent de grandes questions de sociétés, leurs discussions stimulent les citoyens qui se remettent au travail, peut-être dans de nouvelles directions.
La participation ne doit pas être légiférée, elle doit être favorisée par des élus devenus leaders, des élus qui acceptent de ne plus avoir les réponses à tous nos problèmes.
Les réponses, nous y travaillons tous ensemble.