Dans mon prochain livre, je montrerai que le cinquième pouvoir, dont la blogosphère est la partie émergée de l’iceberg, a un réel pouvoir. Je ne vais pas faire ici cette démonstration. Supposons donc pour la suite de ce billet que ce pouvoir soit réel.
Je crois alors que nous autres blogueurs devons être prudents et responsables. Quand je vois certains d’entre-nous s’étriper plus ou moins gentiment, plus ou moins méchamment, je me dis que tout cela peut nous être reproché à un moment donné.
Je ne dis pas halte aux insultes et aux querelles. Au contraire, nous pouvons nous en donner à cœur joie, nous disposons d’un espace illimité pour nous exprimer et c’est là tout le danger.
Jusqu’à aujourd’hui, l’espace d’expression étant limité par la nature même des médias traditionnels, le dénigrement était présent mais en quantité finie. Plus rien ne l’empêche maintenant de prendre des proportions exagérées.
Par le passé, quand on disposait d’un espace pour dire quelque chose, on disait les choses qui nous tenaient le plus à cœur, pas toutes les choses qui nous passaient par la tête. Il y avait une sorte d’autocensure économique (très frustrante je le reconnais).
L’espace illimité est une bonne chose mais notre propension à nous adonner au dénigrement risque de se traduire en bombardement immodéré contre les politiciens que nous n’apprécieront pas. Comme ils seront très nombreux, la blogosphère peut se transformer en sphère de dénigrement. On pourrait alors croire qu’elle ne porte aucune idée nouvelle… ce qui n’est pas le cas.
Aux États-Unis, les élections à la télé se résument en dénigrement sur dénigrement. La règle numéro 1 : taper sur tous les adversaires en même temps. Traduit en français, ça donne : si je suis DSK, je conspue Ségolène et Fabius. Si par malheur je ne frappe que sur l’un des deux, je perds autant que lui, c’est le troisième qui gagne. En tous cas, c’est ce que certaines études prouvent.
En conséquence, si Fabius voulait soutenir DSK, il devrait s’attaquer de front à Ségolène sans jamais parler de DSK, surtout pas dire qu’il est avec lui. Cette tactique serait plus efficace que le ralliement pur et simple.
Nous autres membres du cinquième pouvoir avons donc au moins le pouvoir de dénigrer. C’est un pouvoir qui risque de se retourner contre nous lorsque nous pèseront dans une campagne. Car pour nous affaiblir, il faudra aussi nous dénigrer. J’espère que nous serons alors assez forts pour nous retourner contre le dénigreur, pour nous affirmer comme une force positive.
Internet est un espace de liberté. Il ne faudrait pas que par le dénigrement, pourquoi pas la calomnie, un candidat s’attaque à internet, tout ça pour juguler le cinquième pouvoir, pour assouvir une autorité immodérée sur la société.