Les physiciens se trouvent aujourd’hui face à un mur. Depuis plus de cinquante ans, ils tentent d’unifier leurs deux grandes théories : la relativité d’Einstein et la mécanique quantique pour l’instant encore incompatibles. La théorie des super-cordes est une solution possible mais, depuis le temps qu’elle fait gloser, beaucoup de physiciens ont tendance à croire qu’elle ne mènera à rien (en fait elle peut décrire tous les univers possibles ce qui est un peu trop). Alors ils imaginent d’autres approches.
L’une me séduit particulièrement : la LQG. Elle signe l’entrée de la pensée réseau en physique théorique. Pour la LQG, la matière n’est pas faite de minuscules entités (particules ou cordes qui baignent dans des champs quantiques) mais elle émerge d’un réseau de liens abstraits dessinés entre de minuscules volumes. Il n’y aurait donc pas de constituant ultime de la matière, la matière serait un réseau, les particules les liens entre les nœuds de ce réseau. Tout dans l’univers ne ferait que résulter de la façon dont l’espace-temps se plie et se replie sur lui-même.
Tout le monde accepte aujourd’hui l’idée que l’informatique a changé notre façon de travailler. Mais elle change aussi notre façon de voir le monde. Parce qu’elle nous aide à mieux le décrire, à mieux le comprendre grâce aux simulations, à mieux le penser. Sans l’informatique, la pensée réseau n’aurait sans doute jamais vu le jour. Et je crois que cette façon de penser, adaptée à la complexité du monde, va devenir la clé de voûte de notre civilisation, en tout cas si nous voulons éviter les pièges qui se présentent à elle.
Alors après avoir changé notre façon de travailler et notre façon de penser, l’informatique changera notre façon de vivre ensemble, elle changera la politique à tout jamais.
PS : Si notre monde ressemble à une matrice comme le suggère Stephan Wolfram, alors il ne serait pas étonnant de découvrir des théories physiques incompatibles. Elles correspondraient chacune à des programmes différents travaillant en parallèle.