Avant-hier, je reçois un mail que je prends tout d’abord pour un spam, puis je comprends que le message m’est adressé. Un certain Rachid Nekkaz fait campagne pour les présidentielles 2007. J’ai visité son site et j’ai tout de suite aimé nombre de ses idées. C’est sûr, ce n’est pas gagné : Nekkaz propose de faire table-rase et de dépasser tous les clivages dans lesquels notre société est engluée.
Il veut tout d’abord séduire ceux qui, comme moi, ne votent pas. Je découvrais un homme avec l’envie de changer les choses, un homme qui ne se contentait pas de dire qu’il fallait le faire. Je lui ai envoyé un mail, lui demandant s’il avait lu Le peuple des connecteurs. Il m’a répondu que c’était pour ça qu’il me contactait. On s’est retrouvé hier matin au Latéral, un café en haut de l’avenue Mac Mahon.
Tout de suite, je me suis dit « En voilà un qui ressemble à un politique ». Chaque fois que j’ai croisé un homme public un peu important, je lui ai trouvé une aura que je qualifierais de violette, entre le froid et le chaud, aura qui s’étend largement au-delà de la personne et a vite fait de vous aspirer. Jack Lang m’avait notamment donné cette impression. Nekkaz possède donc le violet à mes yeux caractéristiques des politiques. Il est souriant, plutôt beau mec, il occupe l’espace. Il a donc les bonnes caractéristiques physiques. Et ce n’est pas des blagues, il fait vraiment campagne.
Je vous laisse découvrir son programme. Je lui ai demandé de rendre son site interactif pour que ce programme puisse évoluer, se réécrive, que certaines des propositions actuelles disparaissent au profit de nouvelles. Nekkaz m’a dit que c’était prévu pour juin. Pour moi, un programme politique doit se constituer par en bas, aller vers le haut, et non être imposé de façon quasi divine. Nekkaz ne veut d’ailleurs prendre que des lois provisoires.
Il veut aussi alléger le système, cesser l’embauche de fonctionnaires avec des CDI, couper le financement des partis politiques, introduire le hasard dans le choix des ministres... Tout cela me paraît aller dans le bon sens. Mais ce programme est si révolutionnaire que la gauche, la droite et les verts, sans parler des extrémistes, crieront au scandale.
Face à ces conservateurs, sommes-nous aujourd’hui assez nombreux pour représenter une force significative ? J’espère mais je doute. Il est peut-être encore un peu tôt même s’il est sûr que cette force se rassemblera un jour ou l’autre et fera le ménage. J’espère d’ailleurs, comme Nekkaz, que ce ménage se fera avant un crash, ce qui nous laisserait inventer une nouvelle société en douceur. Certains de mes amis pensent que je suis trop optimiste. Mais je veux y croire.
Voilà pourquoi je me dis que soutenir Nekkaz est sans doute une bonne idée. Je pense toujours que voter n’a pas de sens puisque nous ne pouvons qu’élire des gens qui n’auront jamais la possibilité de gouverner la complexité inhérente à notre société. Toutefois, pour accompagner une révolution douce, il faut peut-être amener au pouvoir un homme qui déverrouillera la société. Il nous faudrait une sorte de Gorbatchev. Et c’est sans doute en France qu’il se manifestera le premier, car la France est le pays occidental qui est le plus proche du crash.
En tout cas, j’espère que les blogueurs vont donner la parole à Nekkaz car il parle un langage que nous comprenons. Son premier combat mérite à lui seul d’être livré. Vivons-nous vraiment dans une démocratie ? Un pays où il faut la signature de 500 élus pour avoir droit de se présenter à l’élection présidentielle est-il encore démocratique ? Pourquoi 500 élus et non pas 500 citoyens ? Qu’ont-ils de plus que nous les élus ? Comment changer les choses si les partis en place ont la possibilité de bloquer leurs concurrents avant même qu’ils aient leur chance.
Nekkaz m’a révélé quelque chose d’encore plus scabreux. Aujourd’hui 200 élus lui ont promis leur signature mais ils ne peuvent signer dès à présent. Pourquoi ? Parce que le gouvernement ne délivre les formulaires qu’à partir du 28 février 2007. À ce moment les promesses du printemps seront-elles encore valables ? Pourquoi ce retard volontaire ? Pour empêcher les individus comme Nekkaz d’avoir le temps de rassembler les signatures. Les partis en place se protègent par tous les moyens. Voilà dans quelle démocratie nous vivons. C’est plutôt une oligarchie où les oligarques se disputent le pouvoir en nous donnant l’illusion que nous contribuons à leur lutte en votant pour eux.
Parfois mon optimisme vacille. Trop de gens sont accrochés à leurs privilèges. Que deviendraient-ils dans une démocratie où nous aurions de moins en moins besoin de leur représentation ? Ils refusent même de se poser la question. Et ils nous jurent qu’ils travaillent pour notre bien. Les hypocrites.
Peut-être faut-il un candidat comme Nekkaz pour éviter un second tour Bové vs Le Pen, finale que je préfère encore à un ordinaire et déprimant Sarko vs Ségolène.