Dans son commentaire loki se demande si les luttes de pouvoir propres à tous les mammifères ne nous empêcheront pas de nous auto-organiser. Ralala et beaucoup d’autres ont émis le même type d’objection. Je réponds en plusieurs points.
- Je l’ai dit et le redis, il n’y a pas de fatalité biologique. Nous pouvons changer, nous changer. Je ne crois pas à l’existence d’une nature humaine immuable. C’est en gros le point de vue des transhumanistes (d’autant plus que nous avons la preuve que l’homme continue d’évoluer).
- Mais nous n’avons pas besoin de nous transformer pour nous auto-organiser. Nous le faisons depuis que nous vivons en société. Dans son intéressante remarque, F. Lémann suppose que l’argent nous sert de vecteur d’auto-organisation, un vecteur bien plus primitif qu’internet, mais qui a contribué à construire notre monde actuel. Dans le livre, j’évoque les villes, auto-organisées à l’échelle des siècles. Une foule qui manifeste aussi est auto-organisée. Les automobilistes sur les routes s’auto-organisent, sinon ce serait le chaos. Nous sommes assez souvent capables de mettre en veilleuse notre volonté de mâle tout-puissant.
- Je crois que mieux et plus nous communiquerons les uns avec les autres, mieux et plus nous nous auto-organiserons. Notre société ne ressemblera jamais à celle des insectes car nous resterons des individus libres, doté d’une volonté propre. L’auto-organisation nous permettra simplement de nous affranchir de quelques hiérarchies, vestiges archaïques de notre état de primate.
- Et si des mâles ont encore le désir de prendre le pouvoir, ils n’en auront pas la force. Ils trouveront en face d’eux une société d’une complexité telle qu’ils ne pourront pas la diriger. C’est une tendance historique, il me semble. Plus une civilisation brille, plus ses membres jouissent d’une liberté croissante. Bien sûr, des mouvements de régression sont à craindre.
- La société auto-organisée n’est pas un projet politique, une utopie, c’est une nécessité pour gérer la complexité grandissante. Soit l’auto-organisation s’impose et la société continue son évolution, soit nous en restons à des modes de dominance hiérarchique et nous entrons en récession.
PS : L’eau qui approche de 0° reste liquide jusqu’au dernier moment. Peut-être ne sommes-nous pas si loin du point de transition de phase. J’ai souvent des doutes je l’avoue. Si Ray Kurzweil ne se trompe pas, nous sommes dans une phase de croissance exponentielle. Tout peut aller très vite mais les chnagements ne vont jamais assez vite à notre échelle. Nous devons tenir bon en attendant, et essayer de changer les choses au moins autour de nous.