Pour certains, les réglementations émises par le pouvoir ont pour but de structurer la société. De fait mon « Ne pas voter », en sous-titre du Peuple des connecteurs, viserait à déstabiliser cette structure. Ce raisonnement serait juste si les réglementations issues du pouvoir central étaient fécondes.
Je montre que ce n’est pas le cas ou, plutôt, de moins en moins le cas à cause de la complexité croissante de nos sociétés. Les vraies réglementations peuvent émerger d’elles-mêmes lorsque les agents autonomes que nous sommes s’auto-organisent au travers des réseaux sociaux. Elles n’ont pas besoin d’être émises par qui que ce soit, elles s’imposent d’elles-mêmes, par l’usage en quelque sorte. Et elles sont dynamiques, en remodelage permanent. La morale est par exemple une régulation émergente.
D’autre part, je n’encourage pas l’abstention, mais le vote contre, ou le vote de barrage. Voter contre un raciste fait sens à mes yeux. En revanche, il ne sert à rien de voter pour quelqu’un qui sera incapable de gouverner, car une structure complexe ne se gouverne pas. Voter pour les uns ou pour les autres, ça ne fait pas de différence. Alors, dans l’état actuel de nos sociétés, le vote contre reste le seul vote acceptable. « Ne pas voter » doit s’entendre « Ne pas voter pour ».
Par ailleurs, on me reproche une position ambiguë entre observateur extérieur et militant de la connexion. Je ne comprends pas cette critique, je n’ai pas la prétention de faire de la science sociale, je ne sais pas trop ce que ça veut dire.
Les réseaux dont je parle ne sont pas un contre-pouvoir, ils ne sont pas un pouvoir non plus. Il n’y pas de pouvoir, mais des hommes responsables et libres qui s’interconnectent. Nous sommes simplement en train d’inventer la démocratie, elle n’a encore jamais existé.