Hier au coucher du soleil au sommet du Monte Pellegrino. Avec l’altitude la végétation se transforme, les eucalyptus aux troncs argentés de plus en plus nombreux. Soudain des fleurs blanches couvrent des prairies où se promènent des vaches. Ce seul endroit, il faudrait une vie pour l’explorer, l’écrire et le dessiner.
Ségeste
2500 ans d’Histoire et les mêmes fourmis frayent leur passage entre les pierres. Après quelques essais, je réussir à saisir la perspective du temple. Une fois qu’elle est comprise, il suffirait de la répéter, ici ou de lieu en lieu, pour qu’elle se perfectionne jusqu’à la beauté classique.
Sélinonte
Après Ségeste, nous ne faisons que rouler avant de nous arrêter ici. Nous ne devions y être que demain. Trapani nous a déçus, et peut-être Trapani recèle des secrets. Chez moi toujours cette réticence à l’entrée d’un lieu : rares les coups de foudre, rares les villes comme Sienne ou Venise, qui vous ensorcellent au premier contact et jamais ne vous déçoivent.
J’ai abordé Mondello avec réticence, puis l’hôtel de la Tore s’est révélé agréable, surtout notre chambre face à la baie et au Monte Pellegrino. Pour arriver jusqu’à Sélinonte, nous avons été poussés de déviation en déviation. Aucune indication, on voulait nous perdre.
Le temps, à la poursuite du temps, des heures et des heures pour pénétrer un lieu, et à chaque seconde il se dérobe, et quand on se retire toujours un pincement d’insatisfaction, au dernier moment un détail se révèle dont on ne profitera pas ; idem quand on écrit et s’arrête pour souffler, alors de nombreuses idées ne verront jamais le jour parce que nous n’avons pas insisté.
Il faudrait ne jamais regretter un lieu, encore moins en désirer un nouveau, il faudrait se satisfaire du ici et maintenant… il faudrait… il faudrait… il faudrait garder son calme, être sage… il faudrait… il faudrait… murmures grombowiciens.
Ce que j’écris dépend du lieu et je n’en parle pas… en fait d’un voyage en Sicile, je rédige des Pensées depuis la Sicile (Pensées de Sicile).